Zoom sur images…
La famille… Première société qui nous accueille, premières personnes qui nous aiment, premières identifications, premières projections sur nos rapports avec les autres. C’est le tout premier cocon, l’endroit où l’on se sent en sécurité pour aller vers l’extérieur. Mais comme pratiquement tout sur cette terre, la famille est loin d’être parfaite, elle fait souvent mal ; met souvent en colère, fatigue et épuise ; et c’est aussi tous ces petits couacs qui la rendent attachante malgré tout et qui participent à la beauté des liens qui se créent. Ce n’est malheureusement pas le cas pour toutes les famille; et vivre dans une famille dysfonctionnelle en est un bel exemple.
En regardant de plus près, vous verrez une maison dans laquelle, les rapports sont perpétuellement sous haute tension quand ils ne sont pas noyés dans une souffrance et une tristesse sourde. Par exemple, une maison où ce n’est qu’en l’absence d’un/des parents que la maison reprend vie parce que sa/leur présence est synonyme d’accusations infondées, de critiques incessantes; de disputes à répétitions, de dictature ; de violences physiques et/ou verbales…
C’est encore comme autre exemple, un endroit où tout doit être parfait, le moindre écart étant sévèrement puni, la rigidité existante ne laissant pas de place à l’expression des besoins réels ; poussant les membres à vivre dans un refoulement constant de leurs envies, se repliant sur eux-mêmes avec beaucoup de colère contenue ; parce que n’ayant pas la liberté ; la possibilité de s’affirmer et de s’opposer. Avoir la peur au ventre à chaque fois qu’on doit rentrer à la maison est un indice parmi tant d’autres.
C’est par exemple ce qui se passe avec un père de famille violent physiquement et/ou verbalement ; et/ou psychologiquement qui délaisse ses responsabilités familiales, ne s’occupe plus de rien dans la maison (encadrement, relationnel, charges financières), mais attend du respect et de l’affection de son épouse et de ses enfants qu’il maltraite pourtant.
D’un autre côté, on peut avoir un parent (homme comme femme) qui s’occupe de tout financièrement parlant, mais qui utilise cette position pour manipuler, faire chanter ; culpabiliser et contrôler les autres membres de la famille. Quelqu’un qui se perçoit comme le centre de la famille, le pilier ; dicte tout, et quand les choses ne se passent pas comme il veut, il punit sévèrement, coupe les vivres, se mettant tout le reste de la famille à dos ; et se plaignant ensuite d’être détesté. On va observer d’un côté ; un ou deux membres qui le suivront malgré eux au risque de taire leurs besoins réels, et étouffer de frustrations ; et d’un autre côté ; d’autres qui oseront dire la vérité ; s’affirmer au risque de se voir traiter de mouton noir et être exclu de la famille.
Le choc émotionnel est intense (incompréhension, remise en question, douleur, culpabilité, idéalisation douloureuse, colère, mépris, refoulement) ; et vient du fait que les personnes qui sont censées vous aimer et vous protéger, sont celles qui agressent, qui vous exposent au danger extérieur.
C’est par exemple un parent qui vend tout dans la maison pour pouvoir jouer au parifoot, qui vole vos petites économies sans état d’âme pour boire ses bières ; qui dit ne rien vous imposer, mais dès que vous essayez de suivre votre voie ; il vous rabaisse, ne vous donne plus l’argent de poche, ou ne finance plus vos études ou encore ; un parent qui ne vous demande rien, mais prend le nouveau téléphone, est content du fait que vous remplissiez le frigo alors que êtes mineur.e ;sans poser de questions sur la provenance de tout ça. Et le pire, c’est que vous devez accepter ça et le vivre comme quelque chose de normal ! Vous l’aurez compris, il y a tellement de schémas différents…
Qu’est-ce que c’est ?
Une famille dysfonctionnelle est donc une famille au sein de laquelle le déséquilibre ou la mauvaise santé mentale d’un ou des deux parents, crée des conflits, des mauvais comportements, des négligences et même des abus envers le conjoint ou les enfants ; de manière régulière. Ceci va pousser les membres de la famille, et surtout les enfants à intégrer ces attitudes anormales comme étant normales. Ici chez nous, on va entendre dire d’une telle famille qu’on a « gaté »le parent au village, ou qu’on lui a posé comme « condition », celle détruire sa famille, mais ça c’est une toute autre histoire …
La famille commence donc à dysfonctionner quand le conjoint et/ou les enfants sans le vouloir, commencent à normaliser et même à « couvrir » les écarts de comportement du parent toxique (quand ils ne le sont pas tous les deux). On s’habitue à subir, à voir, entendre des choses « bizarres », négatives qui ne sont pas normales, mais dont on ne peut en parler, ni entre nous et surtout pas aux autres. Ce qui entretient la honte, la culpabilité pour les uns ; la rancœur, l’amertume et le mépris pour les autres ; et qui nourrit l’atmosphère malsaine qui règne au sein de la famille.
Il faut noter que les mauvais rapports au sein d’une famille ne font pas forcément de cette dernière, une famille dysfonctionnelle ; mais il est clair qu’il est difficile, voire douloureux d’en faire partie. Les effets négatifs sur les plans physique, affectif, relationnel ; sur la santé mentale en général sont indéniables et peuvent aboutir à une cassure définitive (si rien n’est fait) des liens, causée par des blessures émotionnelles profondes.
Quelques causes…
Voici quelques pistes qui pourraient expliquer le dysfonctionnement au sein d’une famille :
- une mauvaise santé mentale ou un trouble de la santé mentale chez les parents
- avoir un ou deux parents toxiques
- des épreuves de la vie qu’on n’arrive pas à surmonter de manière saine comme la perte d’un emploi, un divorce, un décès…
- le fait d’avoir soi-même grandi dans une famille dysfonctionnelle et de n’avoir pas guéri de ses propres blessures
Quelques signes…
- la violence prédomine dans les rapports : verbale (mots blessants, critiques, insultes) , physique, psychologique (chantage, manipulation, humiliation, tendance à culpabiliser), sexuelle, économique.
- le retrait de la vie commune à cause de l’impossibilité d’en parler sans problèmes : chacun va se replier sur lui-même ce qui va renforcer l’isolement et la tristesse des membres de la famille.
- la volonté de tout contrôler de la part du/des parent.s ; en faisant culpabiliser les enfants si ils ne se laissent pas faire ; par exemple vivre sous le diktat d’un parent autoritaire et rigide
- le manque d’empathie et la manipulation émotionnelle : les parents sont indifférents aux besoins affectifs de l’enfant ; et utilisent l’affection des enfants envers eux contre ces derniers. Par exemple, « tu parles comme ça à qui ? » ou «tu ne réponds pas ? comment tu peux être aussi méprisant ? »
- la présence d’un membre « symptôme », c’est-à-dire un enfant ou un parent qui va manifester le mal-être familial : un parent qui tombe malade, fait une dépression, enchaîne les troubles psychosomatiques ; ou une enfant qui aura des troubles du comportement (fugue, décrochage scolaire, addiction à un drogue ou à un comportement, petits délits…)
- des conflits permanents : des cris ; des crises de colère, des dispute sans raison valable qui vont empoisonner l’atmosphère et qui peut pousser certains membres de la famille à s’éloigner et même à couper les ponts
- la parentification : il peut arriver qu’un enfant prenne le rôle d’un parent et essaie tant bien que mal d’assumer des responsabilités qui sont trop lourdes pour ses épaules. On a souvent vu des adolescentes se faire « entretenir » ou se prostituer parce que c’est elle qui devait gérer les charges familiales ; tout ceci à cause soit de l’absence, de l’alcoolisme, de la toxicomanie ou de la dépendance aux jeux de hasard de ses parents.
- La présence des non – dits : ne pas pouvoir parler de ce qui se passe puisque la communication est impossible et qu’on va être perçu comme l’enfant insolent, ne pas pouvoir exprimer ses sentiments et ne pas pouvoir se confier à une tierce personne parce qu’on a honte, et qu’on va invalider notre vécu d’enfant sont aussi des éléments présents dans une famille dysfonctionnelle. Ces non-dits peuvent être alimentés à tort par des valeurs culturelles mal comprises comme « le respect des aînés », « la place du père », « la mère nourricière », avec des phrases comme « même si elle fait quoi c’est ta mère ! »
- L’infantilisation : des parents qui vous empêchent de prendre toute initiative ; qui veulent que vous soyez toujours dépendant d’eux…
- L’insécurité constante : on sait tous qu’un enfant a besoin de stabilité pour bien grandir ; ici c’est le contraire ; on est toujours aux abois ; toujours dans l’attente du pire.
Résultat !
On va se retrouver avec des enfants insécures, timides, rebelles, instables sur plan émotionnel qui n’auront pas pu développer une image et une estime de soi solides pour nouer des rapports sains avec les autres.
Ça peut être un adulte qui va avoir des comportements « auto-saboteurs » chaque fois qu’il sera en train de vivre quelque chose de normal à cause de sa peur du bonheur, et du fait qu’il ai imprimé le dysfonctionnement comme seul mode de fonctionnement. Un adulte qui pourra souffrir des blessures d’enfance comme le rejet ou l’abandon et développer une dépendance affective dans ses rapports avec les autres.
Par ailleurs, des difficultés psychologiques et des troubles de la santé mentale peuvent apparaitre sur le long terme : névroses, dépression, anxiété, troubles psychosomatiques, difficultés relationnelles, répétition du schéma familial jusqu’au niveau de son propre cercle familial…
L’être humain étant complexe, ce n’est pas le cas de tout le monde. Malgré les blessures, les enfants sont dotés d’une grande capacité de résilience. Souvent, il arrive qu’un membre de la famille, l’autre parent, le frère/la sœur ; une personne externe réussisse à tisser un lien fonctionnel avec les enfants, ce qui leur permettent d’avoir un autre modèle et d’adopter des comportements favorables à leur équilibre.
Au-delà des apparences…
Il s’agit de faits, de tristes faits vécus par de nombreuses familles qui ne sont finalement que des familles, groupe d’êtres humains en souffrance, et qui ont besoin d’aide. Une thérapie familiale est indispensable pour pouvoir s’en sortir. C’est vrai qu’il faut tenir compte des spécificités culturelles pour qu’elles n’entravent pas le suivi.
Le psychologue et/ou le psychothérapeute pourra donc accompagner la famille afin qu’elle développe des outils de communication adaptés et efficace. Il pourra faire des propositions qui vont permettre aux membres de se comprendre mutuellement et nourrir un climat émotionnel positif. Le thérapeute mettra aussi en place des limites claires et saines entre les membres, pour qu’ils apprennent à reconnaitre et à stopper les dynamiques nocives avant qu’elles ne deviennent destructrices.
On n’est pas condamné à être malheureux parce qu’on on a grandi dans une famille pareille. Il est important d’en prendre conscience que l’on soit un parent ou un enfant, pour améliorer les attitudes qui entretiennent le dysfonctionnement. Et parce qu’on n’est pas égaux devant la douleur, on peut essayer de renforcer ses ressources personnelles pour vivre le plus sainement possible malgré ces antécédents. Chacun selon sa réalité et sa résilience peut donc choisir de s’éloigner pour préserver son équilibre ; renforcer l’unité de la fratrie pour construire la résilience du groupe. Trouver une aide professionnelle adaptée en individuelle ou en groupe est aussi une solution.
Prenez soin de vous, Samuella Mon Psy Online.
PS: Pour ceux qui sont fan de cinéma ou de séries, vous pouvez regarder la série américaine SHAMELESS pour avoir un aperçu en gardant à l’esprit que la réalité dépassera toujours la fiction.
Tags : famille, relations familiales, famille dysfonctionnelle, parents toxiques, parentification ; résilience, thérapie familiale
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Je suis Samuella NOUMEDEM, psychologue clinicienne basée à Douala au Cameroun et je réponds au +237 679972937. Cliquez ici pour me retrouver sur Whatsapp : wa.me/237679972937.