Quand on souffre d’un trouble de la santé mentale; qu’on doit se remettre d’une blessure d’enfance; d’une expérience de vie ou d’un traumatisme…Quand on doit déconstruire un fonctionnement qui est devenu malsain sur le long terme… Qu’on commence une thérapie, on peut penser que ça va aller mieux vu qu’on a trouvé LA solution. On peut penser qu’on va tout SIMPLEMENT quitter d’un point A à un point B, du mal-être au mieux-être… Et ce sera le cas, on va aller mieux, mais ce ne sera pas aussi simple, aussi LINEAIRE! Il y a tellement de nuances entre ces 2 moments, et comme Solaar l’a dit, la réalité dépassera toujours la fiction. A quoi ressemble vraiment le rétablissement en santé mentale?
La réalité…
C’est vrai qu’il peut avoir autant de cas de figures qu’il ya d’êtres humains sur terre, mais voici un exemple assez courant de ce qui pourrait se passer :
Je cherche une solution à ma souffrance, et je me tourne vers un suivi psychologique (ça c’est quand j’ai pu mettre de l’argent de côté ou que ma famille n’a pas minimisé la situation ou m’a « aidé » avec une approche spirituelle ou mystique pendant plusieurs années)
En fonction de la région, je vais être sur une longue liste d’attente pour rencontrer un psychiatre (médecin plus connu) ou un psychologue (moins connu)hyper saturé (parce qu’ils sont très peu nombreux)
Je me retrouve finalement en thérapie, et devinez quoi, je me sens découragé.e parce que ça ne s’est pas passé comme je le pensais (c’était bizarre, rien de particulier pendant cette première session et je me demande si « ça » va vraiment m’aider)
L’autre réalité…
Mais je continue parce que c’est LA solution et il se trouve qu’on doit associer des médicaments à mes entretiens avec le psy (super, c’et vraiment grave ce que j’ai! mais je me dis que le comprimé va faire disparaître le malaise)
Sauf que c’est sans compter les EFFETS SECONDAIRES!!! En fonction, de la molécule et du dosage, si on n’est pas préparé, on va croire que certains symptômes sont plus intenses (agitation, nervosité, apathie, hypersomnie)
Et comme si ça ne suffisait pas, le psychiatre peut se rendre compte que ce ne sont pas les bonnes molécules pour MON organisme, donc il faut changer pour trouver celles qui me conviennent, et j’essaie donc un nouveau traitement (le temps passe, les médicaments et les séances chez les 2 psys, c’est pas donné!)
J’ai l’impression que celui ci marche? Je me sens mieux, c’est lent mais je commence à voir une amélioration.
Et puis BAM! Pour x ou y raisons, un gros retour en arrière, des symptômes qui réapparaissent, la santé mentale qui décline malgré le suivi…Et parfois c’est là qu’on découvre une comorbidité (un autre trouble qui coexiste avec celui qui m’a amené à consulter) ou pas, juste une petite régression de rien du tout (rire jaune)!
En fait!
Que faire? Comme Orelsan a dit quand on a le désert à traverser, ya qu’une seule chose c’est d’avanceeer! Je continue le traitement (et c’est pas comme si je n’avais que ça à faire, ya le quotidien TOUS les jours à gérer)
Et puis mon thérapeute m’annonce qu’il part en congés, qu’il est affecté, qu’il est malade, qu’elle est enceinte, qu’il ne pourra pas continuer, bref qu’il/elle ne sera plus disponible! (ya aussi mes propres indisponibilités, les rdv non respectés, les fois où je n’ai pas envie de continuer)
Et rebelote! Je cherche et je trouve un nouveau thérapeute, et je fais plus de progrès.
Je « rechute », d’anciens fonctionnements malsains qui reviennent, j’ai honte mais je commence à comprendre comment tout ça fonctionne
J’apprends de nouveaux mécanismes d’adaption, je découvre des nouvelles choses sur moi et j’apprends à m’accepter dans ce processus (des outils qui m’aideront TOUTE LA VIE)
Je commence à m’appuyer sur tout ce ce que j’ai appris pour mieux gérer mon quotidien (enfin!)
Je comprends que la thérapie ne me rends pas insensible à la vie, et que j’aurai des bons et des mauvais jours comme tout le monde
On GRANDIT, on s »améliore et on gère mieux ce qui nous perturbe (et on réalise que notre mal-être ne nous empêche plus de VIVRE)
Au final…
J’accepte que mon rétablissement est CONTINU, il commence dans mes séances et se fait surtout en dehors d’elles dans la vie de tous les jours. Je comprends qu’il n’est pas un long fleuve tranquille, que je peux me retrouver entrain d’être suivi.e par plusieurs professionnels de la santé mentale, que je peux avoir besoin de médicaments et même découvrir autre chose que ce qui m’amenait. Il n’est pas LINEAIRE et même dans périodes où j’avais le sentiment de reculer, où j’ai cru que je n’y arriverais jamais, il a toujours été en cours parce que je n’ai pas ABANDONNE! Je me suis découragé, je n’ai pas toujours fait ce qu’il fallait, mais j’ai CONTINUE!
ça peut faire peur, je vous l’accorde et on pourrait se dire, si cela est aussi compliqué, pourquoi s’engager? Rappelons que ceci n’est qu’une expérience parmi tant d’autres pour nous permettre de comprendre le rétablissement en santé mentale.
En ce mois de la santé mentale, c’est surtout un BRAVO et un COURAGE à toutes les personnes qui luttent contre leur souffrance, qui se battent pour se remettre d’un trouble de la santé mentale et qui sont sur la voie du rétablissement. Ce n’est pas facile, mais c’est nécessaire. Et quand on y arrive, la vue est MAGNIFIQUE parce que nous le valons bien.
Avez-vous besoin d”informations, d’orientation ou d’un suivi psychologique ?
Je suis Samuella Noumedem; psychologue clinicienne ayant travaillé au Cameroun, actuellement du coté d’Ottawa au Canada, je vous propose un accompagnement psychologique en ligne quelque soit votre lieu de résidence.Je réponds au +237 679972937. Cliquez ici pour me retrouver sur Whatsapp : wa.me/237679972937.
Je suis fatigué.e de me sentir comme ça, de me battre. Malgré les médicaments, les consultations, les traitements, je vais toujours mal. Ca fait déjà deux semaines/mois/deux ans et ça ne va toujours pas…
Je me disais qu’après trois jours/semaines/mois/années, ça irait mieux, c’est pourtant ce que le thérapeute m’a dit, pourquoi c’est aussi long, je n’ai pas le temps pour ça ! A quoi ça me sert même tout ça ? ça ne fonctionne pas ! Je ne veux plus déranger les autres, je ne veux plus qu’on me regarde avec pitié. Mais, je les comprends : ça fait dejà un moment que ça dure, moi-même à leur place je serai fatigué.e. Je veux retrouver ma vie d’avant, pouvoir faire les choses normalement comme tout le monde.
Peut-être qu’il ne fait pas bien son travail…ça fait tellement « longtemps » ! J’essaie pourtant de mieux gérer ma colère, d’avoir une vision moins négative des autres ; de trouver un sens à ma vie ; d’avoir moins mal, mais je n’y arrive pas, vous n’avez pas un comprimé pour ça ? Je suis pourtant suivi.e par un médecin, j’ai décidé de consulter un psychologue, mais ça n’a pas changé grand-chose.
Les autres :
Depuis là ? ça ne va toujours pas mieux ? Tout le monde a des problèmes, si on devait tous s’écrouler comme ça, ça ressemblerait à quoi ? Bouges toi un peu, la vie c’est devant ! Tu n’es pas le/la premier.ère, oublies tout ça…
ça commence à devenir long et fatiguant, mets-toi un peu à notre place, c’est de l’argent, du temps de l’énergie qu’on dépense pour toi. Et là, ça prend du temps, trop de temps. Tu prends pourtant les médicaments, tu es pourtant suivi.e ; cest toi-même qui l’a voulu ! Nous on se disait que d’ici deux jours/semaines/mois/années, tu irais mieux, tu recommencerais à travailler normalement… Peut- être faudrait arrêter hein et essayer autre chose…
La réalité…
Cet aperçu est plus ou moins le lot des personnes qui se battent contre les maux de l’esprit, contre le poids des échecs, les crises existentielles, des traumatismes ou des blessures du passé. Il s’agit de ce qu’ils peuvent penser, ressentir plus ou moins en fonction de ce que les autres pensent ou font.
Pourquoi ce besoin urgent, cette pression de passer à autre chose ? Vous me direz peut être que c’est logique, que c’est normal, quand on a mal ; quand on est mal dans sa peau, on veut que ça finisse vite. Mais, c’est très loin d’être aussi simple…
La vérité c’est que, se remettre d’une perte d’emploi, d’un revers de fortune, d’un mauvais investissement ; d’un échec scolaire, d’une rupture , d’un divorce, d’une relation toxique, de la perte d’un être cher, d’une catastrophe naturelle, d’un accident, d’une guerre, d’un traumatisme, d’une maladie, d’une blessure d’enfance, d’un trouble de la santé mentale est DIFFICILE.
Retrouver son équilibre ; sa santé, son bien-être après une épreuve est un processus complexe qui implique l’association de plusieurs paramètres. C’est un bon début de reconnaitre qu’on va mal, d’admettre qu’on n’y arrive plus tout seul; de demander de l’aide, d’en parler à quelqu’un, de rencontrer une médecin, de consulter un psychologue. C’est bien, mais ça ne suffit pas !
Pour que ce processus ait plus de chances de fonctionner, il y a :
les ressources internes de la personne, (mécanismes d’adaptation, mécanismes de défense, types de pensées, gestion des émotions, croyances, spiritualité, développement personnel)
sa propre perception de ce qu’il vit,
ses efforts, sa volonté ; sa réaction face au soutien des autres
les compétences professionnelles/ humaines de son thérapeute ;
la qualité de son environnement (famille, amis, collègues) parce qu’on est bien d’accord, c’est difficile de guérir dans le même environnement qui nous a rendu malade.
Le temps
Le rétablissement est un processus plus ou moins long, complexe, douloureux en fonction des personnes et leurs histoires de vie.
Healing needs time…
Imaginez une manière de fonctionner, un trait de personnalité rigide, une façon de s’adapter qui est malsaine sur le long terme. Des expériences de vie négatives, douloureuses, des situations difficiles, des non-dits, des émotions refoulées, et toutes les choses auxquelles on pense, mais qu’on n’a pas toujours pas la possibilité d’exprimer.
Visualisez un peu le temps qu’il faut pour que des nœuds se forment, que le malaise pointe son nez, et que le mal-être s’installe. Des jours, des semaines, des mois, des années ; parfois toute une vie. On finit par se rendre compte que derrière tous ces échecs, toutes ces relations qui finissent toujours mal, toute cette tristesse, notre attitude agressive se cache peut être une souffrance qui a grandi et qui est devenue un réel handicap.
Le TEMPS entre en jeu, tout comme le mal a pris du TEMPS pour grandir en nous, il nous faut du TEMPS pour qu’il s’en aille. Parfois même sans faire exprès, on s’accroche à cette douleur, parce qu’on ne sait pas qui on est, ni comment exister sans elle.
Du TEMPS pour l’admettre, pour trouver le courage d’y faire face. Du TEMPS pour trouver le moyen de le faire partir, pour apprendre à vivre avec ses séquelles, pour se reconstruire.
Et ce TEMPS, personne ne peut le quantifier quand il s’agit de sa propre souffrance ou celle de l’autre. Inutile de mettre une limite, un délai, on peut continuer d’aller mal même en prenant un traitement, ou en étant accompagné.e. Ce n’est pas de la magie, c’est un processus et parfois le soulagement, le changement n’est pas immédiat. Il est là subtil, se renforce au fur et à mesure que le processus évolue, se ressent dans une succession de petites choses et puis, un jour on se sent mieux.
Healing needs you…
Tu l’auras compris, le rétablissement même si toutes les conditions sont optimales ne peut pas se faire sans TOI.
En fait, c’est de TOI qu’il s’agit. C’est TOI qui est au centre de tout ça. Pour que tu te rétablisses, que tu guérisses de tes blessures et que tu continues d’avancer, tu dois travailler sur TOI.
Tu vas devoir faire plus, un peu plus à chaque pas. Plus de repos, plus d’amour pour soi-même, plus de lâcher-prise.
Tu vas devoir t’accorder plus de temps pour apprendre, pour réapprendre ; plus d’espace pour te transformer.
Il s’agit aussi d’être plus vrai envers toi-même, envers ce que tu ressens, d’être plus à ton écoute, et de prendre plus de temps pour développer de meilleures habitudes.
Il te faudra plus de courage pour abandonner les comportements qui ont conduit aux mêmes situations désastreuses; pour savoir fixer des limites. Plus de volonté pour essayer de nouvelles choses et cultiver ta paix intérieure.
Tu auras besoin de beaucoup d’humilité pour te remettre en question ; explorer des zones inconnues de toi et envisager de nouvelles possibilités.
Tu devras avoir foi en toi, encore plus que d’habitude pour pouvoir aller jusqu’au bout du processus.
Et tout ça se fera à ton rythme bien sûr. Tu constates avec moi que ça ne peut pas se faire en un instant, qu’on ne peut définir une période, un timing pour ça…
Arrêtons d’être pressés quand il s’agit d’un mal-être, soyons patients envers nous- mêmes, envers la douleur de l’autre. Quand il y a un proche qui souffre et qui se fait accompagner, arrêtons de penser que c’est trop long, que ça prend trop de temps parce que ça prendra le temps qu’il faudra pourvu que toutes les conditions soient réunies.
Le rétablissement est loin d’être un fleuve tranquille ; et comme dans la vie en général ; il y a des hauts et des bas. C’est un combat, et on a le droit d’avoir mal, peur, de se sentir faible, d’être découragé.e. Quand c’est le cas, on se repose, on fait preuve de bienveillance, de compassion envers soi-même; on reprend des forces et on continue. L’essentiel, c’est de ne pas abandonner ce qui va nous aider à nous retrouver notre équilibre. Et puis, si vous regardez bien derrière vous, le chemin parcouru, vous verrez qu’il ya des petites choses positives qui sont là , qui vous montrent que vous êtes en plein dedans : YOU’RE HEALING.
Courage, prenez soin de vous.
Samuella, Mon Psy Online.
Tags : santé mentale, Healing, rétablissement en santé mentale, psychothérapie.
Crédits photos: Pinterest, Unsplash
Avez-vous besoin d”informations, d’orientation ou d’un suivi psychologique ? Pour retrouver des psychologues à votre écoute, cliquez ici: https://www.monpsyonline.com/les-experts/
Je suis Samuella NOUMEDEM, psychologue clinicienne basée à Douala au Cameroun et je réponds au +237 679972937. Cliquez ici pour me retrouver sur Whatsapp : wa.me/237679972937.
Rien dans ce monde ne peut nous tourmenter autant que nos propres pensées…
4 h: Je suis nul.le, plus rien ne me fait plaisir.
10h: je reste couché.e, je ne dors pas, je me sens coupable de rester là à ne rien faire, je veux me lever, mais…
18h: je n’ai pas pu me laver, je suis si fatigué.e ; on va encore me regarder avec pitié, je ne supporte plus ça ; je m’en veux de leur faire subir ça… C’est mieux de rester ici pour ne pas déranger les gens, avoir à expliquer quelque chose que moi-même je ne comprends pas…
Chez certaines personnes dépressives, c’est ce type de pensées négatives qui font une sorte de cercle vicieux qui bouffe progressivement toute énergie et toute volonté chez la personne qui en souffre.
Chez d’autres personnes, c’est le sourire, une « apparente joie de vivre » qui masquent une profonde détresse. Ainsi, derrière un sourire, un « ça va bien », un travail, une famille, un bon salaire ; derrière des amis, des sorties tous les soirs, une vie « bien remplie » ; derrière tout ça, on peut être mal dans sa peau. Même avec une bible, et en allant à l’église régulièrement; même en étant croyant; on peut souffrir d’une dépression…
La dépression est belle et bien, une tueuse silencieuse, qui peut avoir plusieurs visages en fonction des individus, de leurs personnalités, de leurs vécus, du contexte et de leur culture. Il y a par exemple des personnes chez qui la dépression commence à se manifester (à travers la somatisation) par une série de malaises physiques médicalement inexpliqués ; qui finissent par s’installer sur le long terme : maux de tête, troubles du sommeil, douleurs diffuses, troubles de l’appétit, troubles alimentaires, perte de la libido ; fatigue…
Quelques faits et chiffres…
Selon les estimations, la tueuse silencieuse s’attaque à 300 millions et est la première cause d’incapacité dans le monde. On observe aussi que les femmes sont plus atteintes que les hommes. Dans le pire des cas, quand rien n’est fait et qu’il n’y a pas de prise en charge ; la dépression peut conduire au suicide.
En 2017 au Cameroun, on pense que 5 à 10% de la population est touchée (aujourd’hui en 2021, il doit avoir un boom des cas de dépression, vu les cas de suicide qui ont beaucoup augmenté). Mais ces chiffres sont plus élevés parce que tous les cas ne sont pas répertoriés, il y a une ignorance de la maladie et de ses symptômes, et la plupart des cas sont masqués, et donc sous diagnostiqués.
Quelques idées reçues sur la dépression …
On sûrement déjà entendu dire de la dépression que c’est une « maladie des blancs » ;une« maladie des bobos ». On a souvent dit aux personnes qui souffrent de dépression qu’elles sont «faibles », « plaintives », « capricieuses », « paresseuses », « égoïstes » que c’est parce qu’elles ne prient pas assez, que leur foi n’est assez grande, que c’est parce qu’elles ne connaissent pas Dieu ;qu’il y a pire que d’être « déprimé » (pour ne pas dire dépressif) dans la vie. On ne les a pas souvent prises au sérieux ; on leur a souvent fait sentir qu’il n’est pas tolérable, ni acceptable d’avoir les nerfs fragiles.
Si seulement c’était aussi simple ! C’est une MALADIE mentale psychosomatique due à un dérèglement de l’humeurqui n’a rien à voir avec le caractère, les difficultés qu’on peut traverser ou la foi. Ce sont toutes ces croyances erronées, ces attitudes maladroites qui rendent les dépressifs honteux et coupables, favorisent leur repli sur eux-mêmes, et les empêchent de demander de l’aide. Il y a pourtant des choses qu’ils aimeraient que vous sachiez.
Les symptômes.
On va donc observer chez la personne :
une grande tristesse, un sentiment de désespoir (humeur dépressive),
une perte de motivation et de facultés de décision,
une diminution du sentiment de plaisir, une perte progressive d’intérêt pour les choses qu’on aimait faire avant,
des troubles alimentaires et du sommeil,
une faible estime de soi, une grande impression de ne pas avoir de valeur en tant qu’individu.
des pensées négatives, morbides, des idées suicidaires, des tentatives de suicide
Pour qu’on parle de dépression, d’épisode dépressif, il faut que ces symptômes soient présents tous les jours, pendant au moins deux semaines et plus. L’humeur, les pensées, les émotions ; le corps et le comportement vont être grandement affectés avec des répercussions plus ou moins sévères sur le fonctionnement quotidien de la personne ; en fonction du stade de la maladie. (oui oui ! Il y a des stades !)
Déprime vs dépression
La santé mentale est un état de bien-être qui peut subir des hauts et des bas, c’est pour ça qu’il est important d’en prendre soin. Quand l’état de mal-être perdure, et qu’on n’arrive plus à y faire face de manière adaptée, on est exposé à la maladie mentale.
Aussi, la plupart du temps la confusion entre déprime et dépression est une chose qui fait en sorte que la souffrance du malade ne soit pas prise au sérieux :
la déprime est un état de tristesse normal ponctuel et passager après les coups durs de la vie
la dépression est une maladie chronique, caractérisée par une humeur dépressive quasi permanente qui invalide la personne ; des idées noires et négatives, une faible estime de soi et un profond sentiment de dévalorisation
Les causes
Il est à noter que jusqu’à nos jours, les études scientifiques sur l’origine de la dépression sont toujours en cours et restent assez complexes. La cause peut être :
génétique, des antécédents familiaux : des personnes dépressives sur une ou deux générations
biologique, due à un déficit au niveau des neuro transmetteurs de la sérotonine qui fait partie des « hormones du bonheur »
environnementale ; mauvaises habitudes de vie ; conception culturelle de certaines maladies, conditions de vie(pauvreté ; stress ;chômages ; difficultés socio-économiques), traumatismes et blessures d’enfance
évènements de la vie, pertes consécutives, échecs répétitifs ; guerre ; catastrophe ; maltraitance.
Types de dépression
C’est donc l’occasion de savoir qu’il existe plusieurs types de dépression, (vous voyez que c’est beaucoup plus complexe que ça en a l’air), c’est donc indispensable de rencontrer un psychiatre et/ou un psychologue pour poser le bon diagnostic et apporter une prise en charge adaptée. On aura donc :
le trouble dépressif majeur; dysthymique; maniaco-dépressif/ trouble bipolaire
la dépression du post partum couramment appelée « babyblues »
la dépression masquée
Troubles associés
Maintenant, il faut savoir que quelqu’un qui souffre de dépression peut présenter d’autres troubles de la santé mentale et d’autres maladies psychosomatiques telles que : l’anxiété ; la dépendance à une substance, à un comportement ou sur le plan affectif ; des maladies cardio-vasculaires, des maladies chroniques (diabète, cancer,VIH/SIDA)
Les personnes les plus exposées
Dans la plupart des cas, ce sont :
les femmes qui consultent plus : problèmes de pauvreté, paramètres liés à la condition de la femme, violences conjugales plus fréquentes, (et bien sûr, les hommes aussi sont concernés)
les jeunes
des personnes du 3e âge; celles qui ont une orientation sexuelle non conventionnelle ou qui souffrent d’une maladie chronique
Les facteurs de risque
La probabilité de souffrir d’une dépression est plus élevée si il existe les facteurs suivants :
conditions de vie difficile
pertes consécutives
stress chronique
antécédents d’abus sexuels répétés; de maltraitance, famille dysfonctionnelle, parents toxiques,
vie professionnelle insatisfaisante
sentiment persistant de perdre le contrôle de son existence
vivre avec un proche dépressif
avoir déjà vécu un épisode dépressif majeur
facteurs endogènes à la personne, c’est-à-dire qui viennent de l’intérieur, qui sont liés au fonctionnement psychique de la personne
Que faire quand on souffre de dépression ?
tout faire pour en parler à quelqu’un
se rapprocher d’un professionnel de la santé, médecin ; psychiatre, psychologue, psychothérapeute pour une meilleure orientation ; avoir un bon diagnostic et être informé des solutions qui pourraient vous aider
accepter que c’est une maladie, une vraie comme tant d’autres et qui a besoin d’être traitée pour retrouver un mieux être
suivre un traitement à base de psychotropes et/ou d’une psychothérapie en fonction de la sévérité de la dépression
avoir beaucoup de volonté et faire beaucoup d’efforts aussi petits soient ils pour vous (ils ont toute leur valeur) pour suivre son traitement
savoir que sans accompagnement ; votre état ne pourra que s’aggraver
ne pas abandonner
Comment vivre avec un proche qui souffre de dépression ? Le rôle de la famille, l’entourage ; les amis
Accepter et comprendre que c’est une MALADIE !! Pas une faiblesse ; un caprice ou la paresse, cela n’a rien à voir avec le fait d’être croyant ou pas
faire preuve de beaucoup de patience , d’amour et de persévérance ; ce n’est pas évident comme situation et la personne ne fait pas exprès.
encourager le proche à aller consulter ; à respecter ses rendez vous
réajuster ses attentes par rapport à l’état actuel des choses et non par rapport à l’image passée de la personne, par ex, on n’attend pas d’une personne qui souffre d’une fièvre typhoide par ex ; qu’elle fasse les courses ou qu’elle se rende à son lieu de service ! On fait tout pour l’encourager à faire ce qui va l’aider à se remettre sur pied. Les « c’est faire une petite chose comme ça qui te dépasse ? Bouge-toi ? Même te laver ? » sont contre productifs et renforce encore le sentiment de honte et de culpabilité ressenti ; et nourrit l’état dépressif de la personne
encouragez et valoriser le moindre petit effort que la personne fait dans le bon sens (en se rappelant que l’action la plus banale pour vous lui coûte un effort surhumain)
l’encouragez petit à petit à reprendre les activités qui lui faisaient plaisir ou lui en proposer de nouvelles, malgré les refus
ce sera dur ; mais ne vous oubliez pas, n’oubliez pas de vivre pour prendre un peu de distance et vous recharger émotionnellement parce que c’est très épuisant et puis vous n’êtes pas son médecin !
évitez les remarques blessantes ; les critiques et les humiliations qui vont encore davantage renforcer le sentiment de dévalorisation et de culpabilité que le dépressif ressent quasiment tout le temps, et augmenter son isolement
n’abandonnez pas !
La dépression est aussi à mon avis un signal fort que votre esprit vous envoie pour vous dire que votre manière de fonctionner jusque là n’était pas saine et qu’il faudrait absolument l’améliorer pour pouvoir s’en sortir. Beaucoup de courage à toutes les personnes qui passent par là, aux proches aussi; le rétablissement peut être long, difficile, douloureux, en dents de scie; mais ça reste possible quand on est pris en charge le plus tôt possible. Une fois qu’on n’y arrive, on comprend l’importance de faire des choses pour soi même, des choses qui nous font réellement du bien et on fait plus attention à sa santé mentale
Avez-vous besoin d”informations, d’orientation ou d’un suivi psychologique ? Pour retrouver des psychologues à votre écoute, cliquez ici: https://www.monpsyonline.com/les-experts/
Je suis Samuella NOUMEDEM, psychologue clinicienne basée à Douala au Cameroun et je réponds au +237 679972937. Cliquez ici pour me retrouver sur Whatsapp : wa.me/237679972937.
On connait sûrement quelqu’un dans notre entourage, un homme, une femme qui dans ses relations familiales ; amicales ou amoureuses est très présent ; envahissant ou collant à la limite. Quelqu’un qui donne de son temps ; de son énergie dans l’attente inconsciente d’un retour pareil, qui quand il n’arrive pas, le dévaste et le rend malheureux. Quelqu’un qui veut presque tout faire avec l’autre ; qui envoie des tonnes de messages, a besoin d’être constamment rassuré sur l’amour ou l’affection qu’on lui porte. Vous voyez un peu le tableau ? Dépendance affective, de quoi s’agit-il réellement ? Avez- vous déjà vécu ça ? Etes-vous cette personne-là ?
Cette attitude là bien qu’involontaire, est source de souffrance pour la personne et devient malsaine pour les relations avec les autres. De ce fait, faisons un arrêt sur la dépendance affective, ce comportement qui peut paraître normal, mais qui est destructeur, pour l’équilibre affectif de la personne qui en souffre et pour celui des autres.
Qu’est-ce que c’est ?
De manière simple, la dépendance affective renvoie à un besoin excessif de l’amour et de l’affection des autres. Ainsi, on ressent le besoin irrépressible de faire passer les besoins des autres avant les siens, oubliant sa propre personne dans le but de « garantir » leur amour à notre égard. A cela va s’ajouter une peur maladive de la séparation et de l’abandon, une faible estime de soi et un profond manque de confiance en soi.
Est-ce une maladie ?
On a tous besoin des autres (famille, amis, collègues, amoureux, conjoints) pour se sentir épanouis sur le plan affectif. Mais dès lors que ce besoin devient excessif ; et cause de la souffrance, il devient pathologique et on le retrouve dans ce qu’on appelle en psychologie : « le trouble de la personnalité dépendante ». Ce trouble fait donc partie des grands troubles de la personnalité en psychopathologie ; et est défini par le DSM 5 comme étant « un besoin général et excessif d’être pris en charge qui conduit à un comportement soumis et « collant » et à une peur de la séparation, qui est présent au début de l’âge adulte et dans des contextes divers » comme en témoignent au moins cinq des manifestations suivantes chez la personne:
du mal à prendre des décisions dans la vie courante sans être rassurée ou conseillée de manière excessive par autrui;
besoin que d’autres assument les responsabilités dans la plupart des domaines importants de sa vie;
du mal à exprimer un désaccord avec autrui de peur de perdre son soutien ou son approbation;
du mal à initier des projets ou à faire des choses seul (par manque de confiance en son propre jugement ou en ses propres capacités plutôt que par manque de motivation ou d’énergie);
cherche à outrance à obtenir le soutien et l’appui d’autrui, au point de faire volontairement des choses désagréables;
se sent mal à l’aise ou impuissante quand elle est seule par crainte exagérée d’être incapable de se débrouiller;
lorsqu’une relation proche se termine, cherche de manière urgente une autre relation qui puisse assurer les soins et le soutien dont elle a besoin;
est préoccupée de manière irréaliste par la crainte d’être laissée à se débrouiller seule.
On constate que le trouble de la personnalité dépendante s’étend bien au-delà de la vie affective de la personne ; il influence non seulement sa capacité à exister par elle-même et à être autonome ; mais aussi peut l’amener à développer d’autres troubles tels que l’anxiété ou la dépression.
Origines de la dépendance affective…
Ah l’enfance et son éternelle influence ! En effet, les liens d’attachement pourraient être à l’origine :
peu d’attention et d’affection et/ou que l’on a responsabilisés trop tôt (« laisse maman tranquille, tu vois bien qu’elle est fatiguée », « ne fais pas de bruit, ton frère dort », etc.).
choc émotionnel,
difficultés dans leurs précédentes relations de couple
trouble de la personnalité dépendante
Facteurs de risque
A cause de la faible estime de soi; du manque de confiance en soi; ces personnes se considèrent comme incapables, ce qui les empêche de se débrouiller seules. Elles ont l’impression de ne pas être aimées, ce qui leur procure un sentiment d’insécurité affective. Dans les deux cas, la relation à l’autre est utilisée comme moyen de « réassurance ». De plus, le fait d’avoir grandi dans une famille dysfonctionnelle peut aussi fragiliser les liens d’attachements et le sentiment d’appartenance de la personne. On aura par exemple; un adulte qui sera « fusionnel » par besoin d’attention (qu’il n’a pas eu dans la cellule familiale); peur d’être rejeté; ou pour recréer le sentiment d’appartenance qu’il n’a pas connu. On note aussi que plus de femmes que d’hommes sont concernés par la dépendance affective.
Comment reconnaitre les signes ?
En famille, entre collègues ou amis, ce sera une personne qui aura tendance a :
adhérer aux idées, croyances et comportements des autres
vouloir toujours l’approbation des autres, par exemple le choix d’un vêtement à l’idée d’un projet
avoir du mal à prendre des décisions et des initiatives tant qu’elles ne sont pas validées par les autres
En couple, on est :
en attente permanente, il/elle n’est jamais satisfait.e de ce que son partenaire lui donne et ce, quels que soient les efforts de ce dernier.
Le dépendant attend en effet de recevoir autant qu’il donne mais ce besoin n’est jamais assouvi.
Il/elle peut se montrer extrêmement jaloux.se ou demander une attention particulière à son partenaire à tout moment.
Difficile de passer au second plan lorsque l’on souffre de dépendance affective, car chaque absence de l’être aimé est vécue comme une souffrance extrême.
Le seul fait d’imaginer que son partenaire puisse s’amuser et prendre du plaisir sans lui/elle semble insurmontable. Dans ce genre de cas, le dépendant affectif peut se montrer désagréable voire méchant,
peur de l’abandon,
jalousie, possessivité excessive,
insatisfaction chronique,
incapacité à prendre des décisions seul,
manque d’estime de soi,
évitement des conflits et des désaccords pour préserver la relation, toute dispute étant perçue comme pouvant mettre fin à la relation
Exemple : est -ce que tu m’aimes ? on aura beau le lui répéter, le lui montrer, c’est la seule fois où on ne le fera pas qui sera retenue.
L’autre veut aider absolument, mais a l’impression de remplir un seau sans fond ! Il/elle ne peut combler ce vide, c’est non seulement impossible mais aussi épuisant.
Il faut noter que ça va bien au- delà de la crainte de la rupture, de la jalousie et de la possessivité, le dépendant n’est pas comme ça pour surveiller avec qui son /sa partenaire est ; mais pour se rassurer qu’il/elle est toujours là !
Quelques conséquences…
Un mal-être permanent puisqu’on n’est jamais satisfait
mauvaise qualité des relations sociales (puisqu’ils semblent se dévouer apparemment sans arrière-pensées : mais attendent quelque chose en retour. Les personnes qui souffrent de dépendance affective pensent (plus ou moins inconsciemment) qu’elles ne pourront être appréciées qu’à condition de satisfaire les attentes des autres et en font parfois « trop » et finissent par éloigner les autres d’elles)
mauvais rapports avec les collègues
difficultés à se faire des amis
difficulté à préserver les relations amoureuses
ruptures consécutives
tendance à développer d’autres dépendances pour combler le vide (alcool, alimentation ; drogue ; sexe ; relations plurielles)
dépression, anxiété, dégradation de l’estime de soi, trouble psychosomatiques
Comment s’en sortir ?
Il faut garder à l’esprit que le dépendant ne fait pas exprès, que la plupart du temps il n’en est pas conscient, et qu’il souffre d’un manque de confiance en soi. En fait, il pense à tort qu’il ne peut être aimé pour ce qu’il est, et qu’il doit vivre à travers l’autre. Mais, il est à tout à fait possible de s’en sortir à partir d’une prise de conscience personnelle :
– reconnaitre et accepter qu’on a un problème
– Le dépendant doit réussir à intégrer le fait qu’il faut d’abord s’aimer pour réussir à vivre une relation amoureuse ou amicale saine; et aussi cultiver la conviction selon laquelle il suffit juste d’être soi pour être aimé.
– se construire une sécurité intérieure pour un mieux-être et ne plus attendre que ce soit l’extérieur, une relation, une personne qui nous donne ce sentiment de sécurité
– patience et bienveillance envers soi-même, trouver des exercices qui permettent de faire des choses par soi-même et pour soi –même.
– entreprendre une psychothérapie, pour amener la personne à prendre conscience que ce sentiment d’incapacité est un ressenti, et non une réalité. Il faut lui apprendre à se sentir capable en fonction de ses réelles capacités.
Alors si vous avez l’impression que c’est votre description qui vient d’être faite ; ou celle d’un de vos proches ; pas de panique ! Soyez patient, prenez des dispositions pour effectuer un travail sur vous-même; et consultez un psychologue parce que votre épanouissement personnel et relationnel en dépend.
Prenez soin de vous ; Samuella Mon Psy Online.
Tags: dépendance affective, trouble de la personnalité dépendante; relations amoureuses, peur de l’abandon, psychothérapie.
Crédits photos: Unsplash, Pexels.
Avez-vous besoin d”informations, d’orientation ou d’un suivi psychologique ? Pour retrouver des psychologues à votre écoute, cliquez ici: https://www.monpsyonline.com/les-experts/
Je suis Samuella NOUMEDEM, psychologue clinicienne basée à Douala au Cameroun et je réponds au +237 679972937. Cliquez ici pour me retrouver sur Whatsapp : wa.me/237679972937.
J’avais entre 4 et 5 ans. Je ne sais plus vraiment. Ma mère a toujours été une mère présente, vigilante avec une compréhension presqu’instinctive que dans le regard de l’autre, moi fillette, biologiquement dotée d’un vagin, pouvait toujours être un objet de désir – peut importe mon âge. Elle était donc toujours aux aguets.
Elle l’était d’autant plus que 1 à 2 ans plus tôt, j’ai dû subir des agressions sexuelles dont je n’avais aucun souvenir mais qui ont provoqué des troubles de la santé et du comportement et nécessité un suivi médical de plusieurs mois. Mais là, ma mère me croyait en sécurité.
Jamais elle n’a soupçonné que sa nièce adulte et en vacances chez nous, se servait de moi pour ses expériences sexuelles. Je me rappelle qu’elle m’a montré des images pornographiques. Je me rappelle qu’elle a dit de faire pareil. Je me rappelle de la pénétration avec les doigts. Je me rappelle qu’il ne fallait pas le dire. Je me rappelle que cela a continué pendant tout son séjour de …… je ne sais pas. À cet âge là, le temps est une notion étrange. La suite, pour moi a été de considérer que c’était la norme. Qu’ainsi devaient se passer les choses. J’ai été exposé à d’autres. Pendant longtemps j’aurais plutôt dit je me suis exposée à d’autres attaques sexuelles. Certains adultes ont peut être vu l’enfant troublé que j’étais et ont tenu leurs places d’adultes. D’autres – face à une enfant qui ne fuyait pas le danger comme elle aurait dû, comme le prescrit notre culture, en ont profité. Il y a eu d’autres « doigtés », des demandes de fellations face auxquelles j’ai obtempéré.
Jusqu’à ce jour où, ma mère nous a surpris, reproduisant tout ca avec un petit garçon de mon âge. Elle ne s’est pas posée beaucoup de questions. Les coups furent ce jour là comme une pluie tropicale: féroces et intenses. Je ne me rappelle pas une partie de mon corps qui ait trouve grâce. Mon père entendant mes pleurs est venue demander ce qui motivait une telle punition. Après les explications de ma mère, il a estimé que décidément, il n’avait pas plu encore suffisamment. Je ne sais pas ce qui leur déplu le plus. L’expérimentation elle même, la réalisation que j’en étais l’instigatrice, ou peut être les deux. En tant que mère de deux enfants que je protège férocement, je sais aujourd’hui avec certitude qu’à cet âge là , (je devais avoir moins de 7 ans quand tout ceci s’est passé,) les enfants ne s’engagent pas dans des activités sexuelles de cette nature avec d’autres à moins d’avoir été exposé à des images, des expériences auxquelles ils n’auraient pas dû. L’ainé de mes enfants a un âge plus avancé que celui que j’avais au moment des faits et je garde jalousement sa petite bulle d’enfant.
À ceux qui disent – mais pourquoi les victimes ne disent rien, pourquoi on ne se débat pas? Pourquoi on ne raconte pas? « Nevigbegle » – Je réponds, les enfants ne naissent pas « gbéglé ». Et leurs réactions varient d’une personne à une autre. J’ai subi d’autres agressions sexuelles plus tard qui m’ont laissé « gelée » comme si tout cela arrivait à une personne autre que moi. Bien des fois, je me suis retrouvée la gamine de 4-5ans déphasée, dépassée par ce qui se passait. Le pire, c’est que plus tard et pendant longtemps, je me suis engluée dans des relations sans queue ni tête. Plus lui était insaisissable, compliqué, plus il faisait des coups tordus, plus j’étais accroc….. poursuivant inlassablement, le cycle de violence contre moi ; un cycle dans lequel j’étais devenue, finalement, mon propre bourreau.
Puis il y a eu la prise de tête amoureuse de trop. Ce n’était même pas, vu mon historique amoureux de l’époque, une humiliation particulièrement blessante. C’était juste celle de trop. Mon corps s’est mis à pleurer des larmes que je ne savais littéralement pas arrêter. Je mettais des glaces sur mes yeux bouffis pour aller au boulot et tenir la journée pour rentrer le soir et laisser libre cours aux chutes du Niagara. Je venais d’avoir une promotion importante, j’étais tout le temps en train de voyager. De l’extérieur, je cochais toutes les cases de réussite sociale et professionnelle mais à l’intérieur l’auto-combustion avait atteint son paroxysme.
Il m’a fallu 25 ans pour révéler ce que je pensais être ma première attaque – celle par la nièce de ma mère. Ma mère m’a dit – et je présume que c’était sa façon de s’excuser- qu’elle avait mal réagit le jour où elle m’a surprise avec le petit garçon. Elle m’a surtout révélé que ce n’était probablement pas ma première agression sexuelle. Les psy qui m’avaient suivi durant mes troubles du comportement lui avaient dit que j’avais subi probablement une ou des agressions sexuelles mais que vu mon âge, il était fort possible que je n’avais pas les mots pour dire mes maux. Tout cela s’est probablement produit au « jardin d’enfants » au moment où j’avais entre 2 et 3 ans. Et je n’en ai aucun souvenir.
Des années de thérapie m’ont permis de me réparer, de trouver des mots pour exorciser mes traumas, crever les abcès vieux de 25 ans et les voir se transformer en larmes sans fin. Il y a des techniques pour aller chercher et former les souvenirs que votre cerveau s’est obstiné à ne pas former. Le psychothérapeute a insisté pour que je ne le fasse pas. L’absence de mémoire m’a t-il dit est un mécanisme de protection quand notre corps comprend presqu’instinctivement qu’il y a des traumas dont on ne peut se relever. J’ai toujours un rapport compliqué avec mon corps – que j’ai malmené à souhait – et longtemps trimballé comme une carcasse dont je ne savais vraiment pas réellement que faire. Ma sexualité d’adulte – au sein de relations consenties – fut problématique pendant longtemps. J’y travaille toujours. Mon rapport au toucher – pas simplement sexuelle – est tout aussi problématique. Mes proches savent qu’il ne faut pas trop me toucher, certainement pas sans me prévenir. Ça a toujours été conçu comme moi et mes bizarreries.
Agresser un enfant, c’est hypothéquer son avenir parce que vous ne savez jamais quels chemins prendront les mécanismes de reconstruction de soi, de l’estime de soi, de son identité, de son rapport au corps. Bref, l’agression rend la construction de soi et de son rapport à l’autre extrêmement compliquée. Agresser un enfant, c’est l’affubler de « démons » avec lequel il ne cessera de se débattre toute sa vie durant. Mes cicatrices sont là, imperceptibles pour vous de l’extérieur, mais pour moi, très présentes. J’ai appris á vivre avec la zone d’ombre que mon cerveau a crée pour que je puisse survivre, cassée, blessée, meurtrie mais vivante. Parfois, c’est le plus important : vivre ou survivre. J’ai survécu à tout cela, grâce á une combinaison extraordinaire de ma propre résilience, un travail incessant sur moi même, grâce à une famille – et une mère – formidable (sa réaction était une erreur terrible comme nous le faisons tous à un moment ou à un autre dans l’éducation de nos enfants) des auteurs de livres qui sans le savoir m’ont littéralement tenu la main de façon invisible. Je suis la, femme noire, Africaine, debout, reconstruite, dans une relation épanouie, le regard tourné vers l’avenir. (Le travail de reconstruction s’est fait avant la rencontre. Je n’aurais pas pu entrer dans une relation saine, si je n’avais pas pris le temps de me poser et de faire ce travail énorme sur moi même.)
À vous tout.e.s mes co-survivantes, Je vous salue vous tout.e.s, vous dont l’innocence a été volée trop tôt. Vos victoires ont été mes victoires. Vos paroles de dénonciation ont rendu mon silence moins lourd, allégé ma culpabilité de n’avoir pas su me protéger, de ne pas avoir été suffisamment forte. Surtout, vos témoignages m’ont permis de me rendre compte que je n’étais pas, malheureusement, une exception. Merci d’avoir soulevé la chape de plomb qui a longtemps étouffé nos voix. Je tenais à écrire ce témoignage pour dire ceci: les agresseurs ne sont pas toujours des hommes. Derrière une femme – officiellement hétérosexuelle – peut se cacher, un pédophile opportuniste. Les victimes quand à elles, ne sont pas toujours des enfants pauvres nées dans des familles à problèmes. Anonyme..
Source: témoignage publié avec la permission d’Ayawa’s, une marque engagée dédiée à la cause des femmes et enfants en situation d’abus. Au lieu de collectes de fonds pour mener des actions sociales, elle présente des produits locaux en édition limitée.
Vous pouvez retrouvez Ayawa’s comme blog sur Facebook
Crédits photos: Google images
Mots clés: abus sur mineurs; agressions sexuelles, pédophilie, femme pédophile; psychothérapie, résilience.
Avez-vous besoin d”informations, d’orientation ou d’un suivi psychologique ? Pour retrouver des psychologues à votre écoute, cliquez ici: https://www.monpsyonline.com/les-experts/
Je suis Samuella NOUMEDEM, psychologue basée à Douala au Cameroun et je réponds au +237 679972937. Cliquez ici pour me retrouver sur Whatsapp : wa.me/237679972937.
Ca peut commencer par une migraine, un mal de dos, des douleurs diffuses dans les jambes. Souvent, c’est plutôt un mal d’estomac, des difficultés à digérer ; une constipation ou une perte de l’appétit qui s’installent. Parfois ; on se retrouve avec une insomnie, une baisse de la libido et des problèmes de peau qui reviennent encore et encore.
Ensuite, on fait le tour des hôpitaux; on fait des examens dont les résultats n’expliquent pas ce dont nous souffrons et malgré le traitement pris à répétition, on ne trouve pas le rétablissement. C’est de cette manière que l’inquiétude grandissante, ne comprenant pas ce qui nous arrive, on se met à penser à diverses hypothèses, les unes les plus angoissantes que les autres. Dans la plupart des cas ; le côté médical n’ayant rien révélé, l’esprit commence à nous jouer des tours ; on se met à penser au « village » ; à l’église et à les tenir pour responsables.
Très rarement, on songe à explorer l’autre partie de nous qui est peut-être en souffrance et qui pourrait être à l’origine de tout cela : notre esprit qui bien souvent et même trop souvent saigne, pèse et ensuite fait douloureusement réagir le corps. Avez vous déjà entendu parler d’un trouble psychosomatique?
Qu’est ce que c’est ?
Venant du grec « psukè », esprit et « soma », corps ; un trouble psychosomatique désigne un maladie physique causée ou aggravée par un mal-être psychologique, des difficultés sur le plan émotionnel et cognitif. De manière générale, on utilise le mot psychosomatique pour décrire les effets de l’esprit sur le corps. De ce fait, la détresse psychique affecte notre santé physique ; et la plupart du temps, on n’a pas conscience du fait qu’il y a un lien entre notre état d’esprit et nos malaises physiques. On ne voit pas par exemple, la relation qu’il y a entre la situation amoureuse dans laquelle on se sent étouffé(e) à cause du manque de dialogue, de respect ; et cette sensation douloureuse d’oppression que l’on ressent souvent au niveau du thorax, ou encore le lien qu’il y a entre les convulsions non épileptiques de cette jeune ado et le fait qu’elle ne sache pas qui est son père par exemple. Malheureusement ce trouble reste sous-diagnostiqué, à cause de l’ignorance et des symptômes physiques qui sont mis en avant au détriment de la souffrance psychologique derrière.
Pourquoi ?
Tout d’abord et l’on ne le répètera jamais assez, l’esprit et le corps sont liés ! Depuis l’étape embryonnaire, notre système nerveux provient de la même origine que d’autres structures comme la peau ou les différentes barrières avec l’extérieur telles que le tube digestif ou les bronches. Ainsi donc, le système nerveux et le système immunitaire sont enchevêtrés sur le plan anatomique.
Par ailleurs, lorsque l’intégrité du psychique est menacée par des tensions internes ; il existe une sorte de mécanisme qui se met en place pour se protéger de la souffrance psychologique ressentie en transférant tous les affects négatifs sur le somatique ; le corps (difficile quand on n’est pas conscient du stress auquel on est soumis). C’est ce processus qu’on appelle en psychologie « somatisation »ou encore « conversion ». C’est comme si l’esprit transformait chaque émotion négative ou tension accumulée en un symptôme physique précis.
Ainsi, tout ce qui est vécu comme négatif sur le plan psychologique (non-dits, tabous ; secrets, frustration, colère, traumatismes, blessures émotionnelles, impuissance, relations conflictuelles ; toxiques ou abusives) génère un stress constant qui affaiblit l’immunité, rendant la personne vulnérable et l’organisme sensible aux inflammations à cause de la production élevée de corticoïdes.
Inversément, il y a aussi des maladies physiques qui mettent le moral à rude épreuve : cancer, VIH/SIDA, maladie chronique, ceci pouvant aggraver les symptômes observés. Et bien évidemment, les plaintes médicales inexpliquées peuvent aussi avoir une origine culturelle, traditionnelle ou spirituelle.
Ce qui doit attirer notre attention…
A partir de tout ce qui a été dit plus haut, on comprend donc que les symptômes vont apparaître au niveau le plus sensible de l’organisme ; voilà pourquoi ils sont aussi variés que les personnes qui en souffrent : rhumes ; migraines ; perte ou prise de poids ; troubles du sommeil…
Il faut aussi relever que l’expression des symptômes sera favorisée ou inhibée par la société, la culture qui perçoit le fait de dire ce qu’on ressent comme une faiblesse, une réalité propre à l’Occident ou encore dans certains cas comme un mépris. A partir du moment où les consultations médicales n’ont pas donné d’explications plausibles aux maux physiques que nous ressentons, il faut envisager la piste psychologique.
L’expression des troubles psychosomatiques se fera sous trois principales formes :
somatisation : expression d’une souffrance psychologique à travers des plaintes corporelles ; exemple : une angoisse permanente qui se traduit par des palpitations
conversion : absence d’une maladie biologique pouvant justifier présence de symptômes physiques tels que stupeur, fugue, état de transe ; convulsion, ventilation, associés à un facteur stressant) ; exemple : c’est souvent le cas de jeunes filles qui « tombent » dans les lycées ici chez nous
dysmorphophobie : obsession concernant un défaut imaginaire de l’apparence physique ou préoccupation démesurée par rapport à un réel défaut physique ; exemple : On commence à se sentir « gros.se. » à chaque fois qu’on se sent mal dans sa peau ; ou alors à vouloir maigrir à tout prix malgré le fait qu’on commence à avoir la peau sur les os.
Ainsi, tout état de mal-être psychologique tel que l’angoisse, la détresse ; le stress ; la panique ; l’anxiété ; la mélancolie, la colère refoulée; peut se traduire en douleurs corporelles diffuses ; maux de tête ; vertiges ; troubles du sommeil, de l’appétit ; fatigue chronique ; troubles gastro-intestinaux ; affections dermatologiques ; troubles sexuels pour ne citer que ceux -là…
Quelques exemples de troubles psychosomatiques
reflux gastrique ; ballonnements, constipation ; troubles digestifs (mauvais transit) ; syndrome du côlon irritable : ici c’est le foie, le côlon ; l’intestin qui sont les organes cibles des névroses
affections cutanées, chute de cheveux ; dartre ; acné ; aphtes favorisées par le stress, l’angoisse ; émotivité, contrariété
céphalées, hypertension ; risque d’infarctus du myocarde, causées par une production élevée d’adrénaline
anorexie, boulimie ; obésité, alcoolisme causés par un dérèglement émotif
faiblesse de l’érection ; vaginisme souvent aggravés par des difficultés relationnels
chez l’enfant, on pourra avoir des troubles du sommeil ; troubles de l’appétit, problèmes de peau à répétition
Comment s’en sortir ?
Même si il est vrai que l’effet destructeur d’une mauvaise gestion de nos émotions négatives sur notre corps n’est pas toujours immédiat, rendant plus difficile le diagnostic des troubles psychosomatiques ;il est possible de se soigner . Et ce n’est pas parce que ça vient de l’esprit que ce n’est pas réel; et que la personne n’en souffre pas. Il faut :
comprendre et accepter l’influence de nos émotions sur la santé physique
se faire consulter par un médecin et avoir un traitement médical pour atténuer les symptômes physiques
faire une psychothérapie pour apprendre à mieux gérer ses émotions de manière à ce que le psychisme puisse supporter ses propres tensions
Etre à son écoute pour aider à déceler les causes psychologiques
pratiquer des activités de relaxation pour relâcher le corps
personnellement, ne pas négliger sa santé mentale et le pouvoir des émotions surtout lorsqu’elles sont refoulées
bien dormir
lutter contre le stress
pratiquer la diète médiatique : faire le tri dans le flot d’informations qu’on reçoit et privilégier celles qui nous apaisent
faire un travail sur ses traumatismes et ses blessures d’enfance
savoir poser ses limites
s’éloigner des personnes toxiques et améliorer ses réponses émotionnelles face aux situations difficiles
Dans la plupart des cas, lorsque la personne est bien accompagnée et surtout lorsqu’elle comprend l’influence de son état d’esprit sur sa santé physique; elle commence à se sentir mieux. Vous voyez donc que ces malaises physiques sans explication médicale ne sont pas toujours d’origine mystique! L’illustre Sigmund Freud a dit : « Les émotion refoulées ne meurent pas. Elles sont enterrées vivantes et reviendront plus tard de la plus laide des manières »
Prenez soin de vous, Samuella Mon Psy Online.
Mots clés : trouble psychosomatique, somatisation, émotions, rapports corps esprit, psychothérapie.
Avez-vous besoind’informations, d’orientation ou d’un suivi psychologique? Pour retrouver des psychologues à votre écoute, cliquez ici : https://www.monpsyonline.com/les-experts/
Je suis Samuella NOUMEDEM, psychologue basée à Douala au Cameroun et je réponds au +237 679972937. Cliquez ici pour me retrouver sur Whatsapp : wa.me/237679972937
Crédits photos: Unsplash, Google images, Pinterest
Comme beaucoup j’ai grandi loin de mon père, mais contrairement à Singuila, je n’ai pas cultivé de colère et je m’en suis plainte un peu quand même, intérieurement, quand j’étais petite. Et extérieurement plus tard quand il est revenu. Avec un petit peu de colère.
OK, commençons par le début.
Je suis née au sein d’un couple hétéro marié, qui avait déjà une fille, dont je suis la cadette. Je sais, dit comme ça c’est un peu… mais c’est exactement ça. J’adorais mon père, je vous le dis d’emblée. C’était genre ma mère m’achète un super truc et si quelqu’un me demandait qui me l’avait acheté je disais avec passion que c’était mon père. Ou s’il nous a emmenées UNE fois au cinéma, moi, je cultivais l’idée qu’il nous emmène SOUVENT au cinéma. Bref, vous voyez le genre. Alors, mon père n’était pas très présent, il se déplaçait souvent. Et puis un jour, il est parti en voyage et…il n’est pas revenu .J’avais 5 ans, ma petite sœur venait de naître. Des huissiers sont venus nous faire sortir de notre maison en catastrophe, un jour alors que ma mère était sortie pour le premier vaccin de ma petite sœur. Bon, ils l’ont quand même attendue.
Nous sommes allées vivre chez mes grands-parents maternels, ma mère, mes sœurs et moi. Ma mère ne travaillait pas à cette époque, mon grand-père un brave et adorable intellectuel, paix à son âme, était commerçant, il vendait des babouches en plastique, la générosité était presqu’un défaut chez lui. Ma grand-mère, une dynamique femme forte et authentique, paix à son âme aussi, était femme au foyer. Elle cultivait son champ, vendait la banane mûre et les ‘’miondos’’ qu’elle faisait elle-même pour joindre les deux bouts. Nous avons eu une enfance paisible auprès d’eux et par la grâce de Dieu, nous n’avons jamais manqué de rien. Ma mère, une vraie battante a retroussé ses manches et aligné jobs et petit commerce pour que nous allions à l’école, et que nous ayons toutes nos fournitures.
Le retour du « père » prodigue.
Dix ans plus tard, j’étais en classe de 2nde. Je suis rentrée de l’école un jour, Il n’y avait encore personne à la maison, ma mère avait trouvé un emploi stable depuis quelques années et rentrait en soirée. J’étais avec une camarade qui était venue m’emprunter un livre, pendant que je cherchais le livre pour lui donner, j’ai entendu frapper ; je suis allée ouvrir, et … c’était lui ! Mon père était là, devant le portail. Je lui ai évidemment sauté dessus après avoir crié ‘’papa’’, j’étais trop contente. Je l’ai fait entrer, et comme il tenait un sac, je lui ai demandé s’il restait, il a dit oui. J’ai rapidement remis le livre à ma camarade qui est partie. J’ai mis la Tv en marche, lui ai proposé ce qu’il y avait à manger et je suis allée apprêter la chambre ou il passerait la nuit (il y’avait une chambre inoccupée à l’extérieur). Mes sœurs sont rentrées tour à tour, ensuite ma mère en début de soirée et un peu plus tard ma grand-mère. A cette époque mon grand-père était déjà décédé. Il y’a eu une longue discussion entre les adultes dont nous les enfants n’avons jamais rien su.
A partir de là, nous avons sans autre forme de procès, commencé à vivre ensemble. Et le voile a très vite fait de tomber. Je vais être brève. Il était extrêmement négatif, par exemple la toute première semaine il m’a demandé de lui faire une lessive. J’ai pris ses vêtements, et je les ai lavés, avec tout mon amour. Grand fut mon choc de recevoir un pétage de plomb épique en guise de remerciement, à cause d’une petite déchirure apparue sur son pantalon. Selon lui, « j’ai sciemment déchiré son pantalon, pourquoi je suis mauvaise comme ça, je suis même quel genre d’enfant, si je ne voulais pas laver je n’avais qu’à dire, d’ailleurs que je ne touche plus à ses vêtements ». Waouh! J’étais sans voix. Il n’a m’a même pas voulu me laisser m’exprimer. Et la véhémence avec laquelle il affirmait sa version. C’était à croire qu’il y avait un autre problème. C’est fou comme dans une situation, il avait le don d’aller chercher la pire explication possible et s’y accrocher mordicus. Il avait toujours raison. Avec lui ce n’était pas possible de discuter, littéralement. Toujours entrain de vouloir créer un problème. Soit on est d’accord avec lui… soit on est d’accord avec lui.
Entre incompréhension, choc et désillusion…
Assez rapidement l’ambiance a commencé à changer à la maison. Il était envahissant, adepte des jeux de hasard. PMUC, parifoot par la suite et etc. Il monopolisait la télévision du matin au soir et du soir au matin, sans exagération. Il nous empêchait d’étudier: Le salon qui n’était pas grand nous servait de pièce d’étude et ce n’était pas possible d’être concentré avec le téléviseur en marche. Quand j’ai compris que pour pouvoir étudier j’allais devoir me lever en pleine nuit parce que c’est à ce moment qu’il n’était pas devant la télé, il a commencé à se lever à 3h du matin pour regarder la télé. Il passait ses journées à la maison, mangeait tout ce qu’il y’avait à manger sans égard pour nous qui allions rentrer de l’école, même pas pour ma petite sœur. Ma grand-mère laisse un truc au frigo ; il prend et quand elle vient se rendre compte que ça a disparu elle me gronde devant lui, il ne dit rien et se moque. Bien sûr, Il ne participait à aucune tâche, aucune charge, rien du tout. Ça devenait insupportable.
J’avais l’impression d’être la seule à vivre ce cauchemar parce que je refusais de me taire, et c’est moi qu’on grondait, quand j’essayais d’attirer l’attention sur son comportement. Ma mère ne prenait jamais ma défense, mais toujours la sienne : c’est ton père, tu dois le respecter. Elle a commencé à perdre de l’argent. Il n’y avait pas à chercher de midi à 14h, pour moi c’était clair et net. Nos livres de classes ont commencé à disparaitre. Très très clair et net. Je savais que c’était lui. Mais quand je l’ai dit ma sœur m’a regardé comme si je venais de blasphémer. Une longue liste d’autres effets s’est ajoutée au dossier des disparitions petit à petit. J’avais vraiment l’impression que j’étais la seule à le voir. Ma mère s’est mise à accuser un cousin à nous qui vivait pas loin et qui passait beaucoup de temps à la maison DEPUIS DES ANNEES dans la paix. Elle lui a donné (à mon père) de l’argent pour inscrire ma petite sœur à la rentrée, pour soit disant ’’l’impliquer’’, Il ne l’a pas fait.
Quand je préparais mon probatoire, à l’approche de l’examen un soir je n’en pouvais plus de cette histoire de télé qui m’empêche d’étudier : j’étais assise je travaillais dans le calme ; il est venu mettre la télé et a haussé le volume. Ma mère était aussi assise au salon, je la regarde, elle ne fait rien. J’insiste du regard, rien. Je me suis levée et je lui ai demandé s’il peut éteindre la télé, que je suis entrain d’étudier, je prépare mon examen. Il s’est levé et m’a criblé de gifles, jusqu’à me renverser. C’est quand je tombe que ma mère lui dit ‘’laisse comme ça’’. Un 24 décembre, ma petite sœur qui devait avoir 12ans, avait une sortie avec sa chorale, ils devaient chanter dans une autre église de la ville et elle l’avait dit à notre mère, je n’étais pas au courant et ma sœur ainée non plus. Leur monitrice avait loué un car pour le transport des enfants et devait ramener chaque enfant à son domicile au terme de la soirée. Ma mère a oublié. Ce jour-là, ma petite sœur s’est apprêtée et est allée à son programme. Vers 20h ma mère commence à nous appeler, où est votre sœur ? N’ayant aucune idée je commence à appeler ça et là, ma sœur aussi, et vers 21h la monitrice appelle donc ma mère (et c’est là qu’elle se rappelle) en ramenant ma petite sœur pour s’excuser du fait que le retour ait pris un peu plus de temps que prévu, ma petite sœur descendait la toute petite piste qui menait à la maison que mon père est sorti et l’a battue comme un bandit, coups de poing et tout. Malgré le fait que la monitrice a appelé pour justifier le retard. Et ma mère n’est pas venue l’arrêter.
Ma grand-mère est décédée quelques années plus tard et nous avons dû déménager, pour un appartement. Ma mère avait désormais plus de charges, loyer, eau et électricité (ce qui n’était pas le cas chez mes grands-parents) ma sœur ainée et moi à l’université, et ma petite sœur au lycée. L’atmosphère de plus en plus pourrie, on essayait de vivre dans la paix. Je l’évitais comme la peste. Zéro discussion. Bonjour / bonsoir. Ma sœur ainée et moi faisions des économies pour payer le câble, qu’on ne regardait presque pas. Une fois je ne sais plus à l’occasion duquel de ses emportements il m’a demandé de ne plus lui adresser la parole. Et je ne l’ai plus fait. Pendant un an. J’avais plus à me forcer à lui dire bonjour /bonsoir. Je pouvais l’ignorer royalement sans qu’on ne me prenne la tête. Hourra. Mais hélas. La réalité, toujours là pour vous assommer. Ma mère continuait de perdre de l’argent, entre autres choses. On le voyait même souvent en cachette fouiller dans ses affaires.
Une fois, on nous a coupé la ligne d’électricité sans crier gare, quand je vais à l’agence d’électricité pour essayer de savoir pourquoi, j’apprends que nous avons plus de six mois d’arriérés. Dépassée, j’appelle ma mère pour comprendre comment ça se fait, c’est là que j’apprends que depuis tout ce temps elle lui donne l’argent pour régler les factures.ET LE LOYER. On parle du gaz aussi ?passons. Quand j’ai dit à ma grande sœur qu’il fouillait nos chambres elle m’a regardé comme si j’avais dit une abomination. Mais je le savais. Un jour j’étais enfermée dans ma chambre, et il a dû se croire seul parce qu’il n’y avait personne d’autre. Je l’ai entendu entrer dans la chambre de ma petite sœur qui était consécutive à la mienne, vider sa petite caisse d’économies en bois, et ressortir. C’était affreux. Ma mère devenait aigrie, amère, négative. Elle s’emportait pour un rien, sur nous bien évidement.
A plusieurs reprises, ma grande sœur a essayé d’organiser une assise familiale entre nous, pour essayer de je ne sais même pas, faire quelque chose. Mais ça ne servait à rien, on ne faisait que gratouiller l’abcès, au lieu de le percer et extraire tout le pus qui avait déjà envahi partout. Personne ne voulait dire la vérité, du coup à chaque fois je me levais et je partais. Et on me prenait la tête pour ça, pour le fait que je ne voulais pas manger à table avec lui; ET pour un tas d’autres raisons qui me donnaient envie de hurler ‘’je ne peux pas faire semblant, je ne suis pas comme vous, je n’y arrive pas’’. Tellement de choses se sont passées, tellement…
Quand mon corps a commencé à parler…
En 3e année de fac, j’ai commencé à me sentir mal dans ma peau. J’étais très triste, déprimée, je me sentais grosse, j’étais très mal. J’ai entrepris de perdre du poids, mais je ne me sentais pas mieux, au contraire. J’ai commencé à avoir la digestion difficile, puis très difficile. Remontées acides aigues et incessantes, ballonnements constants, c’était infernal. Un oncle naturopathe m’a prescrit une série de médicaments de très bonne qualité, tout à fait indiqués pour mes symptômes qui m’ont grandement soulagé mais à très court terme. Mon ventre s’est ensuite mis à gonfler et c’était douloureux.
Je suis allée consulter un gastro-entérologue qui m’a fait une série d’examens (radio, échographie) qui ont n’ont rattaché aucune cause à tout cela. A l’époque, un proche dans mon entourage a suggéré que tout ce mal être dont je souffrais pouvait avoir une cause psychologique. J’en ai parlé à mon gastro-entérologue, qui a limite rigolé, et dit que ce n’est pas du sérieux ça, qu’il ne me conseille pas de m’embarquer là-dedans. Il m’a néanmoins prescrit un traitement, que j’ai également suivi. Sans grand succès.
A l’époque, Il n’y avait pas de psychologue dans le coin que je pouvais consulter, mais une psychiatre. Je suis allée la voir. Après la première séance elle a demandé à voir mes parents, et ils sont venus. Tous deux. Je sais, même moi je n’y croyais pas. Ce jour, quand ma mère est rentrée, elle m’a dit que la psychiatre leur a dit que c’est mauvais pour ma santé de vivre avec eux, que c’est leur’’ histoire’’ bref, toute cette histoire qu’on vit qui est en train de me rendre malade. Elle m’a demandé s’il y a quelqu’un dans la famille avec qui je peux aller habiter, que j’y réfléchisse et que je lui dise. Je lui ai dit non, que ça va aller, je ne vais pas sortir d’une sorcellerie pour aller entrer dans une autre. Lui par contre n’a fait aucun commentaire.
La douloureuse,mais salutaire acceptation de la réalité…
Au terme de la deuxième séance, j’ai eu l’impression qu’on m’a ôté un poids immense, sérieux, j’ai eu comme une révélation. Façon de parler. Nous avons juste discuté, mais j’ai pris conscience de certaines choses qui ont fait toute la différence par la suite. J’ai pris conscience que tout ça était vraiment, VRAIMENT derrière mon mal être, je veux dire, vraiment quoi. J’avais effectivement remarqué que l’atmosphère était malsaine à la maison, oui, comme un éléphant au milieu d’une pièce, difficile de louper. Mais que c’est ça qui me rendait malade, ça non. Mais encore, que ça m’affectait autant parce que j’aimais TOUJOURS beaucoup mon père. Quand elle a dit ça, j’ai vraiment eu l’impression que le temps s’est arrêté, parce que en toute honnêteté, c’était pas du tout de l‘amour que je ressentais le concernant. Enfin j’ai réalisé que je pouvais faire quelque chose. Je ne pouvais pas changer cet environnement dans lequel je vivais pour l’instant, mais je pouvais changer ma façon de réagir à tout cela. ET Ça m’a suffi. Juste deux séances. A partir de ce jour, et chaque jour par la suite, j’ai entrepris ce travail sur moi pour m’aider à m’élever au-dessus de tout ça. C’est un combat émotionnel et psychologique de longue haleine, c’est vraiment petit à petit, surtout quand on reste dans le même environnement et que les mêmes choses, voire pire continuent de se produire.
Un jour, où cette fameuse assise a eu lieu et que je lui ai dit tout ce que j’avais dans le cœur depuis toutes ces années, ce que tout le monde avait peur de lui dire. Quand j’ai fini, son visage était rouge et déformé de colère, sans exagération. Et quand je l’ai vu bondir du fauteuil j’ai senti que si je ne bouge pas ça va mal finir, j’ai à peine eu 3 secondes pour m’enfermer dans la première pièce venue. IL a essayé de défoncer la porte de son poids, en hurlant. Mes sœurs se sont fait mal en essayant de l’arrêter, il leur a donné des coups. Ma grande sœur est allée alerter un voisin pour venir l’arrêter. Ma mère n’était pas là, c’est elle qui a trouvé bon de sortir au début de l’assise cette fois. Je suis restée dans cette pièce jusqu’à ce qu’elle revienne. Pendant un bon moment on a veillé à ce que je ne me retrouve pas seule à la maison pour éviter le pire. Un ou 2 ans plus tard il a essayé de m’étrangler. Devant mon neveu de 3 ans.
Donc, oui, ça n’a pas du tout été facile, mais avec l’aide de Dieu, on y arrive petit à petit. On se rappelle chaque jour, de ne pas se laisser entrainer par la négativité, on se bat pour ne pas ruminer tout ça , que ce n’est pas contre nous, que ça ne durera pas éternellement, qu’on a encore toute notre vie à vivre, et qu’on ne va pas laisser ça nous prendre notre santé mentale et émotionnelle et nous gâcher nos futures relations. Les symptômes ont commencé à s’estomper et ont fini par disparaitre sans que je ne sache quand exactement. Et on finit même par voir le ‘’bon’’ dans tout ça. On finit par arriver à pardonner, vraiment pardonner. Ça prend du temps, mais oui, on finit par être libre de tout ce bagage malsain.
Mots clés: famille dysfonctionnelle, parent toxique, blessures d’enfance, somatisation, résilience.
Crédits photos: Google images, Unsplash
Avez-vous besoin d”informations, d’orientation ou d’un suivi psychologique ? Pour retrouver des psychologues à votre écoute, cliquez ici: https://www.monpsyonline.com/les-experts/
Je suis Samuella NOUMEDEM, psychologue basée à Douala au Cameroun et je réponds au +237 679972937. Cliquez ici pour me retrouver sur Whatsapp : wa.me/237679972937.