PRENEZ SOIN DE VOUS! EPISODE 15- VIVRE DANS UNE FAMILLE DYSFONCTIONNELLE…

Résumé

Coucou!

C’est mercredi, et comme promis, on partage un sujet pour nous aider à nous sentir bien dans notre corps et dans notre esprit. « La famille et censée être notre paradis, mais c’est souvent malheureusement là que se trouvent nos plus grandes douleurs ». Cette pensée est le reflet de ce qui se passe dans une famille dysfonctionnelle. Une famille dans laquelle l’insécurité affective règne, en grande partie à cause du déséquilibre de l’un ou des deux parents ne permettant aux enfants et aux membres de la famille de s’épanouir et de maintenir leur unité.

Dans ce 15e épisode, on présente les faits pour sensibiliser, montrer l’impact que cette situation peut avoir sur notre bien-être; mais surtout comment faire pour préserver malgré tout notre santé mentale.

Vous pouvez réécouter l’épisode précédent ici ou encore l’épisode 0 qui explique les motivations derrière ce podcast.

Vous avez une question, un avis, une suggestion de sujet à aborder, n’hésitez pas à partager avec nous en commentaires.

Bonne écoute et à Mercredi prochain!

Tags : podcast, psychologie, famille dysfonctionnelle, parents toxiques, Cameroun, Episode 15

Musique : IKSON, perfect. Habillé par Rodrigue FOKOU ( Merci !)

Crédits photos : Photo de Hello i’m Nick provenant de Unsplash

Avez-vous besoin d”informations, d’orientation ou d’un suivi psychologique ? Pour retrouver des psychologues à votre écoute, cliquez ici: https://www.monpsyonline.com/les-experts/

Je suis Samuella NOUMEDEM, psychologue clinicienne basée à Douala au Cameroun et je réponds au +237 679972937. Cliquez ici pour me retrouver sur Whatsapp : wa.me/237679972937.

Vivre dans une famille dysfonctionnelle…

Zoom sur images…

 La famille… Première société qui nous accueille, premières personnes qui nous aiment, premières identifications, premières projections sur nos rapports avec les autres. C’est le tout premier cocon, l’endroit où l’on se sent en sécurité pour aller vers l’extérieur. Mais comme pratiquement tout sur cette terre, la famille est loin d’être parfaite, elle fait souvent mal ; met souvent en colère, fatigue et épuise ; et c’est aussi tous ces petits couacs qui la rendent attachante malgré tout et qui participent à la beauté des liens qui se créent. Ce n’est malheureusement pas  le cas pour toutes les famille; et vivre dans une famille dysfonctionnelle en est un bel exemple.

En regardant de plus près, vous verrez une maison dans laquelle, les rapports sont perpétuellement sous haute tension quand ils ne sont pas noyés dans une souffrance et une tristesse sourde. Par exemple, une maison où ce n’est qu’en l’absence d’un/des parents que la maison reprend vie parce que sa/leur présence est synonyme d’accusations infondées, de critiques incessantes; de disputes à répétitions, de dictature ; de violences physiques et/ou verbales…

C’est encore comme autre exemple, un endroit où tout doit être parfait,  le moindre écart étant sévèrement puni, la rigidité existante ne laissant pas de place à l’expression des besoins réels ; poussant les membres à vivre dans un refoulement constant de leurs envies, se repliant sur eux-mêmes avec beaucoup de colère contenue ; parce que n’ayant pas la liberté ; la possibilité de s’affirmer et de s’opposer.  Avoir la peur au ventre à chaque fois qu’on doit rentrer à la maison est un indice parmi tant d’autres.   

C’est par exemple ce qui se passe avec un père de famille violent physiquement et/ou verbalement ; et/ou psychologiquement qui délaisse ses responsabilités familiales, ne s’occupe plus de rien dans la maison (encadrement, relationnel, charges financières), mais attend du respect et de l’affection de son épouse et de ses enfants qu’il maltraite pourtant.

D’un autre côté, on peut avoir un parent (homme comme femme) qui s’occupe de tout financièrement parlant, mais qui utilise cette position pour manipuler, faire chanter ; culpabiliser et contrôler les autres membres de la famille. Quelqu’un qui se perçoit comme le centre de la famille, le pilier ; dicte tout, et quand les choses ne se passent pas comme il veut, il punit sévèrement, coupe les vivres, se mettant tout le reste de la famille à dos ; et se plaignant ensuite d’être détesté. On va observer d’un côté ; un ou deux membres qui le suivront malgré eux au risque de taire leurs besoins réels, et étouffer de frustrations ; et d’un autre côté ; d’autres qui oseront dire la vérité ; s’affirmer au risque de se voir traiter de mouton noir et être exclu de la famille.

Le choc émotionnel est intense (incompréhension, remise en question, douleur, culpabilité, idéalisation douloureuse, colère, mépris, refoulement) ; et  vient du fait que les personnes qui sont censées vous aimer et vous protéger, sont celles qui agressent, qui vous exposent au danger extérieur.

C’est par exemple un parent qui vend tout dans la maison pour pouvoir jouer au parifoot, qui vole vos petites économies sans état d’âme pour boire ses bières ; qui dit ne rien vous imposer, mais dès que vous essayez de suivre votre voie ; il vous rabaisse, ne vous donne plus l’argent de poche, ou ne finance plus vos études ou encore ; un parent qui ne vous demande rien, mais prend le nouveau téléphone, est content du fait que vous remplissiez le frigo alors que êtes mineur.e ;sans poser de questions sur la provenance de tout ça. Et le pire, c’est que vous devez accepter ça et le vivre comme quelque chose de normal ! Vous l’aurez compris, il y a tellement de schémas différents…

Qu’est-ce que c’est ?

Une famille dysfonctionnelle est donc une famille au sein de laquelle le déséquilibre ou la mauvaise santé mentale d’un ou des deux parents, crée des conflits, des mauvais comportements, des négligences et même des abus envers le conjoint ou les enfants ; de manière régulière. Ceci va pousser les membres de la famille, et surtout les enfants à intégrer ces attitudes anormales comme étant normales. Ici chez nous, on va entendre dire d’une telle famille qu’on a « gaté »le parent au village, ou qu’on lui a posé comme « condition », celle détruire sa famille, mais ça c’est une toute autre histoire …

La famille commence donc à dysfonctionner quand le conjoint et/ou les enfants sans le vouloir, commencent à normaliser et même à « couvrir » les écarts de comportement du parent toxique (quand ils ne le sont pas tous les deux). On s’habitue à subir, à voir, entendre des choses « bizarres », négatives qui ne sont pas normales, mais dont on ne peut en parler, ni entre nous et surtout pas aux autres. Ce qui entretient la honte, la culpabilité pour les uns ; la rancœur, l’amertume et le mépris pour les autres ; et qui nourrit l’atmosphère malsaine qui règne au sein de la famille.

Il faut noter que les mauvais rapports au sein d’une famille ne font pas forcément de cette dernière, une famille dysfonctionnelle ;  mais il est clair qu’il est difficile, voire douloureux d’en faire partie. Les effets négatifs sur les plans physique, affectif, relationnel ; sur la santé mentale en général sont indéniables et peuvent aboutir à une cassure définitive (si rien n’est fait) des liens, causée par des blessures émotionnelles profondes.

Quelques causes…

Voici quelques pistes qui pourraient expliquer le dysfonctionnement au sein d’une famille :

  • une mauvaise santé mentale ou un trouble de la santé mentale chez les parents
  • avoir un ou deux parents toxiques
  • des épreuves de la vie qu’on n’arrive pas à surmonter de manière saine comme la perte d’un emploi, un divorce, un décès…
  • le fait d’avoir soi-même grandi dans une famille dysfonctionnelle et de n’avoir pas guéri de ses propres blessures

Quelques signes…

  • la violence prédomine dans les rapports : verbale (mots blessants, critiques, insultes) , physique, psychologique (chantage, manipulation, humiliation, tendance à culpabiliser), sexuelle, économique.
  • le retrait de la vie commune à cause de l’impossibilité d’en parler sans problèmes : chacun va se replier sur lui-même ce qui va renforcer l’isolement et la tristesse des membres de la famille.
  • la volonté de tout contrôler de la part du/des parent.s ; en faisant culpabiliser les enfants si ils ne se laissent pas faire ; par exemple vivre sous le diktat d’un parent autoritaire et rigide
  • le manque d’empathie et la manipulation émotionnelle : les parents sont indifférents aux besoins affectifs de l’enfant ; et utilisent l’affection des enfants envers eux contre ces derniers. Par exemple, « tu parles comme ça à qui ? » ou «tu ne réponds pas ? comment tu peux être aussi méprisant ? »
  • la présence d’un membre « symptôme », c’est-à-dire un enfant ou un parent qui va manifester le mal-être familial : un parent qui tombe malade, fait une dépression, enchaîne les troubles psychosomatiques ; ou une enfant qui aura des troubles du comportement (fugue, décrochage scolaire, addiction à un drogue ou à un comportement, petits délits…)
  • des conflits permanents : des cris ; des crises de colère, des dispute sans raison valable qui vont empoisonner l’atmosphère et qui peut pousser certains membres de la famille à s’éloigner et même à couper les ponts
  • la parentification : il peut arriver qu’un enfant prenne le rôle d’un parent et essaie tant bien que mal d’assumer des responsabilités qui sont trop lourdes pour ses épaules. On a souvent vu des adolescentes se faire « entretenir » ou se prostituer  parce que c’est elle qui devait gérer les charges familiales ; tout ceci à cause soit de l’absence, de l’alcoolisme, de la toxicomanie ou de la dépendance aux jeux de hasard de ses parents.
  • La présence des non – dits : ne pas pouvoir parler de ce qui se passe puisque la communication est impossible et qu’on va être perçu comme l’enfant insolent, ne pas pouvoir exprimer ses sentiments et ne pas pouvoir se confier à une tierce personne parce qu’on a honte, et qu’on va invalider notre vécu d’enfant sont aussi des éléments présents dans une famille dysfonctionnelle. Ces non-dits peuvent être alimentés à tort par des valeurs culturelles mal comprises comme « le respect des aînés », « la place du père », « la mère nourricière », avec des phrases comme « même si elle fait quoi c’est ta mère ! »
  • L’infantilisation : des parents qui vous empêchent de prendre toute initiative ; qui veulent que vous soyez toujours dépendant d’eux…
  • L’insécurité constante : on sait tous qu’un enfant a besoin de stabilité pour bien grandir ; ici c’est le contraire ; on est toujours aux abois ; toujours dans l’attente du pire.

Résultat !

On va se retrouver avec des enfants insécures, timides, rebelles, instables sur plan émotionnel qui n’auront pas pu développer une image et une estime de soi solides pour nouer des rapports sains avec les autres.

Ça peut être un adulte qui va avoir des comportements « auto-saboteurs » chaque fois qu’il sera en train de vivre quelque chose de normal à cause de sa peur du bonheur, et du fait qu’il ai imprimé le dysfonctionnement comme seul mode de fonctionnement. Un adulte qui pourra souffrir des blessures d’enfance comme le rejet ou l’abandon et développer une dépendance affective dans ses rapports avec les autres.

Par ailleurs, des difficultés psychologiques et des troubles de la santé mentale peuvent apparaitre sur le long terme : névroses, dépression, anxiété, troubles psychosomatiques, difficultés relationnelles, répétition du schéma familial jusqu’au niveau de son propre cercle familial…

L’être humain étant complexe, ce n’est pas le cas de tout le monde. Malgré les blessures, les enfants sont dotés d’une grande capacité de résilience. Souvent, il arrive qu’un membre de la famille, l’autre parent, le frère/la sœur ; une personne externe réussisse à tisser un lien fonctionnel avec les enfants, ce qui leur permettent d’avoir un autre modèle et d’adopter des comportements favorables à leur équilibre.

Au-delà des apparences…

Il s’agit de faits, de tristes faits vécus par de nombreuses familles qui ne sont finalement que des familles, groupe d’êtres humains en souffrance, et qui ont besoin d’aide. Une thérapie familiale est indispensable pour pouvoir s’en sortir. C’est vrai qu’il faut tenir compte des spécificités culturelles pour qu’elles n’entravent pas le suivi.

Le psychologue et/ou le psychothérapeute pourra donc accompagner la famille afin qu’elle développe des outils de communication adaptés et efficace. Il pourra faire des propositions qui vont permettre aux membres de se comprendre mutuellement et nourrir un climat émotionnel positif. Le thérapeute mettra aussi en place des limites claires et saines entre les membres, pour qu’ils apprennent à reconnaitre et à stopper les dynamiques nocives avant qu’elles ne deviennent destructrices.

On n’est pas condamné à être malheureux parce qu’on on a grandi dans une famille pareille. Il est important d’en prendre conscience que l’on soit un parent ou un enfant, pour améliorer les attitudes qui entretiennent le dysfonctionnement. Et parce qu’on n’est pas égaux devant la douleur, on peut essayer de renforcer ses ressources personnelles pour vivre le plus sainement possible malgré ces antécédents. Chacun selon sa réalité et sa résilience peut donc choisir de s’éloigner pour préserver son équilibre ; renforcer l’unité de la fratrie pour construire la résilience du groupe. Trouver une aide professionnelle adaptée en individuelle ou en groupe est aussi une solution.

Prenez soin de vous, Samuella Mon Psy Online.

PS: Pour ceux qui sont fan de cinéma ou de séries, vous pouvez regarder la série américaine SHAMELESS pour avoir un aperçu en gardant à l’esprit que la réalité dépassera toujours la fiction.

Tags : famille, relations familiales, famille dysfonctionnelle, parents toxiques, parentification ; résilience, thérapie familiale

Crédits photos: Unsplash, Google images.

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Vie de famille : Parent toxique, oui; ça existe

Comment c’est possible ?

Oui, les personnes toxiques existent, négatives , manipulatrices, difficiles, égoïstes, se plaignant tout le temps, soufflant le chaud et le froid dans la relation. Et même dans la famille, on peut en retrouver, une mère, un père, un frère, une soeur, un oncle, une tante, un mari, une femme… ça fait encore plus dégâts justement parce que c’est la FAMILLE.

Ce sont des personnes qui sont déséquibrées, parfois malades et nous allons en faire les frais à un niveau ou à un autre.

Des membres de la famille qui vont nous rendre malade physiquement et mentalement, qui sont susceptibles de nous asphyxier financièrement, si nous ne faisons pas attention, si nous n’arrivons pas à fixer des limites ou alors à nous éloigner…

Des proches qui sont des videurs d’énergie, qui empoisonnent la santé émotionnelle, parce que nous devons passer le temps à vivre selon leur humeur, au détriment de nos besoins et continuer à faire comme si de rien n’était… Continuer à respecter, cotôyer, vivre avec, prendre soin , s’occuper, payer le loyer, les frais médicaux, « aimer » cet autre là qui nous détruit et qui nous traite avec mépris.

Résultat : douleur, frustration, conflits constants, tension permanente, non dits, tabous, colère, irritabilité, agressivité, tout ceci dans le refoulement, qui finit pas rejaillir sur le corps, (prise ou pertes de poids, troubles alimentaires, hypertension etc…), sur l’humeur, sur le comportement.

Que faire ?

Des pistes pour s’en sortir malgré tout :

  • Savoir que c’est pas parce que c’est la famille, qu’on doit tout supporter,
  • On ne peut pas déranger les autres quand on est épanoui et heureux, les personnes toxiques sont malheureuses,en souffrent inconsciemment et font donc souffrir les autres
  • Admettre que le sang ne veut plus rien dire à partir du moment où l’autre se sert de ce lien pour vous faire souffrir permanenment
  • Décider que tout ce qui nuit continuellement à votre équilibre, votre santé physique et mentale n’a pas de place dans votre vie même si c’est la famille
  • Accepter la réalité, et trouver la force de continuer à faire sa part si on en a la possibilité, sans rien attendre en retour et sans culpabiliser si on n’y arrive pas
  • S’éloigner pour pouvoir souffler et se reconstruire si on a la possibilité
  • Pardonner, c’est un processus, même si c’est dur, honnêtement, ce n’est que ça qui va nous aider à avancer, et à panser petit à petit les blessures.

#Kameni a dit #nayonayo, « man no go die because family dey, on ne va pas mourir à cause de la famille »

Vous pouvez réécouter cet article en version audio dans notre rubrique Podcast « Prenez soin de vous  » ici.

Prenez soin de vous…Samuella, Mon Psy Online

Mots clés : parent toxique, famille dysfonctionnelle

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Témoignage : J’ai vécu avec un père toxique…

Comme beaucoup j’ai grandi loin de mon père, mais contrairement à Singuila, je n’ai pas cultivé de colère et je m’en suis plainte un peu quand même, intérieurement, quand j’étais petite. Et extérieurement plus tard quand il est revenu. Avec un petit peu de colère. 

OK, commençons par le début.

Je suis née au sein d’un couple hétéro marié, qui avait déjà une fille, dont je suis la cadette. Je sais, dit comme ça c’est un peu… mais c’est exactement ça. J’adorais mon père, je vous le dis d’emblée. C’était genre ma mère m’achète un super truc et si quelqu’un me demandait qui me l’avait acheté je disais avec passion que c’était mon père. Ou s’il nous a emmenées UNE fois au cinéma, moi, je cultivais l’idée qu’il nous emmène SOUVENT au cinéma. Bref, vous voyez le genre. Alors, mon père n’était pas très présent, il se déplaçait souvent. Et puis un jour, il est parti en voyage et…il n’est pas revenu .J’avais 5 ans, ma petite sœur venait de naître. Des huissiers sont venus nous faire sortir de notre maison en catastrophe, un jour alors que ma mère était sortie pour le premier vaccin de ma petite sœur. Bon, ils l’ont quand même attendue.

Nous sommes allées vivre chez mes grands-parents maternels, ma mère, mes sœurs et moi. Ma mère ne travaillait pas à cette époque, mon grand-père un brave et adorable intellectuel, paix à son âme, était commerçant, il vendait des babouches en plastique, la générosité était presqu’un défaut chez lui. Ma grand-mère, une dynamique femme forte et authentique, paix à son âme aussi, était femme au foyer. Elle  cultivait son champ, vendait la banane mûre et les ‘’miondos’’ qu’elle faisait elle-même pour joindre les deux bouts. Nous avons eu une enfance paisible auprès d’eux et par la grâce de Dieu, nous n’avons jamais manqué de rien. Ma mère, une vraie battante a retroussé ses manches et aligné jobs et petit commerce pour que nous allions à l’école, et que nous ayons toutes nos fournitures.

Le retour du « père » prodigue.

Dix ans plus tard, j’étais en classe de 2nde. Je suis rentrée de l’école un jour, Il n’y avait encore personne à la maison, ma mère avait trouvé un emploi stable depuis quelques années et rentrait en soirée. J’étais avec une camarade qui était venue m’emprunter un livre, pendant que je cherchais le livre pour lui donner, j’ai entendu frapper ; je suis allée ouvrir, et … c’était lui ! Mon père était là, devant le portail. Je lui ai évidemment sauté dessus après avoir crié ‘’papa’’, j’étais trop contente. Je l’ai fait entrer, et comme il tenait un sac, je lui ai demandé s’il restait, il a dit oui. J’ai rapidement remis le livre à ma camarade qui est partie. J’ai mis la Tv en marche, lui ai proposé ce qu’il y avait à manger et je suis allée apprêter la chambre ou il passerait la nuit (il y’avait une chambre inoccupée à l’extérieur).  Mes sœurs sont rentrées tour à tour, ensuite ma mère en début de soirée et un peu plus tard ma grand-mère. A cette époque mon grand-père était déjà décédé. Il y’a eu une longue discussion entre les adultes dont nous les enfants n’avons jamais rien su.

A partir de là, nous avons sans autre forme de procès, commencé à vivre ensemble. Et le voile a très vite fait de tomber. Je vais être brève. Il était extrêmement négatif, par exemple la toute première semaine il m’a demandé de lui faire une lessive. J’ai pris ses vêtements, et je les ai lavés, avec tout mon amour. Grand fut mon choc de recevoir un pétage de plomb épique en guise de remerciement, à cause d’une petite déchirure apparue sur son pantalon. Selon lui, « j’ai sciemment déchiré son pantalon, pourquoi je suis mauvaise comme ça, je suis même quel genre d’enfant, si je ne voulais pas laver je n’avais qu’à dire, d’ailleurs que je ne touche plus à ses vêtements ». Waouh! J’étais sans voix. Il n’a m’a même pas voulu me laisser m’exprimer. Et la véhémence avec laquelle il affirmait sa version. C’était à croire qu’il y avait un autre problème. C’est fou comme dans une situation, il avait le don d’aller chercher la pire explication possible et s’y accrocher mordicus. Il avait toujours raison. Avec lui ce n’était pas possible de discuter, littéralement. Toujours entrain de vouloir créer un problème. Soit on est d’accord avec lui… soit on est d’accord avec lui.

Entre incompréhension, choc et désillusion…

Assez rapidement l’ambiance a commencé à changer à la maison. Il était envahissant, adepte des jeux de hasard. PMUC, parifoot par la suite et etc. Il monopolisait la télévision du matin au soir et du soir au matin, sans exagération. Il nous empêchait d’étudier: Le salon qui n’était pas grand nous servait de pièce d’étude et ce n’était pas possible d’être concentré avec le téléviseur en marche.  Quand j’ai compris que pour pouvoir étudier j’allais devoir me lever en pleine nuit parce que c’est à ce moment qu’il n’était pas devant la télé, il a commencé à se lever à 3h du matin pour regarder la télé. Il passait ses journées à la maison, mangeait tout ce qu’il y’avait à manger sans égard pour nous qui allions rentrer de l’école, même pas pour ma petite sœur. Ma grand-mère laisse un truc au frigo ; il prend et quand elle vient se rendre compte que ça a disparu elle me gronde devant lui, il ne dit rien et se moque. Bien sûr, Il ne participait à aucune tâche, aucune charge, rien du tout. Ça devenait insupportable.

J’avais l’impression d’être la seule à vivre ce cauchemar parce que je refusais de me taire, et c’est moi qu’on grondait, quand j’essayais d’attirer l’attention sur son comportement. Ma mère ne prenait jamais ma défense, mais toujours la sienne : c’est ton père, tu dois le respecter. Elle a commencé à perdre de l’argent. Il n’y avait pas à chercher de midi à 14h, pour moi c’était clair et net. Nos livres de classes ont commencé à disparaitre. Très très clair et net. Je savais que c’était lui. Mais quand je l’ai dit ma sœur m’a regardé comme si je venais de blasphémer. Une longue liste d’autres effets s’est ajoutée au dossier des disparitions petit à petit. J’avais vraiment l’impression que j’étais la seule à le voir. Ma mère s’est mise à accuser un cousin à nous qui vivait pas loin et qui passait beaucoup de temps à la maison DEPUIS DES ANNEES dans la paix. Elle lui a donné (à mon père) de l’argent pour inscrire ma petite sœur à la rentrée, pour soit disant ’’l’impliquer’’, Il ne l’a pas fait.

Quand je préparais mon probatoire, à l’approche de l’examen un soir je n’en pouvais plus de cette histoire de télé qui m’empêche d’étudier : j’étais assise je travaillais dans le calme ; il est venu mettre la télé et a haussé le volume. Ma mère était aussi assise au salon, je la regarde, elle ne fait rien. J’insiste du regard, rien. Je me suis levée et je lui ai demandé s’il peut éteindre la télé, que je suis entrain d’étudier, je prépare mon examen. Il s’est levé et m’a criblé de gifles, jusqu’à me renverser. C’est quand je tombe que ma mère lui dit ‘’laisse comme ça’’.  Un 24 décembre, ma petite sœur qui devait avoir 12ans, avait une sortie avec sa chorale, ils devaient chanter dans une autre église de la ville et elle l’avait dit à notre mère, je n’étais pas au courant et ma sœur ainée non plus. Leur monitrice avait loué un car pour le transport des enfants et devait ramener chaque enfant à son domicile au terme de la soirée. Ma mère a oublié. Ce jour-là, ma petite sœur s’est apprêtée et est allée à son programme. Vers 20h ma mère commence à nous appeler, où est votre sœur ? N’ayant aucune idée je commence à appeler ça et là, ma sœur aussi, et vers 21h la monitrice appelle donc ma mère (et c’est là qu’elle se rappelle) en ramenant ma petite sœur pour s’excuser  du fait que le retour ait pris un peu plus de temps que prévu, ma petite sœur descendait la toute petite piste qui menait à la maison que mon père est sorti et l’a battue comme un bandit, coups de poing et tout. Malgré le fait que la monitrice a appelé pour justifier le retard. Et ma mère n’est pas venue l’arrêter.

Ma grand-mère  est décédée quelques années plus tard et nous avons dû déménager, pour un appartement. Ma mère avait désormais plus de charges, loyer, eau et électricité (ce qui n’était pas le cas chez mes grands-parents) ma sœur ainée et moi à l’université, et ma petite sœur au lycée. L’atmosphère de plus en plus pourrie, on essayait de vivre dans la paix. Je l’évitais comme la peste. Zéro discussion. Bonjour / bonsoir. Ma sœur ainée et moi faisions des économies pour payer le câble, qu’on ne regardait presque pas. Une fois je ne sais plus à l’occasion duquel de ses emportements il m’a demandé de ne plus lui adresser la parole. Et je ne l’ai plus fait. Pendant un an. J’avais plus à me forcer à lui dire bonjour /bonsoir. Je pouvais l’ignorer royalement sans qu’on ne me prenne la tête. Hourra. Mais hélas. La réalité, toujours là pour vous assommer. Ma mère continuait de perdre de l’argent, entre autres choses. On le voyait même souvent en cachette fouiller dans ses affaires.

Une fois, on nous a coupé la ligne d’électricité sans crier gare, quand je vais à l’agence d’électricité pour essayer de savoir pourquoi, j’apprends que nous avons plus de six mois d’arriérés. Dépassée, j’appelle ma mère pour comprendre comment ça se fait, c’est là que j’apprends que depuis tout ce temps elle lui donne l’argent pour régler les factures.ET LE LOYER. On parle du gaz aussi ?passons. Quand j’ai dit à ma grande sœur qu’il fouillait nos chambres elle m’a regardé comme si j’avais dit une abomination. Mais je le savais. Un jour j’étais enfermée dans ma chambre, et il a dû se croire seul parce qu’il n’y avait personne d’autre. Je l’ai entendu entrer dans la chambre de ma petite sœur qui était consécutive à la mienne, vider sa petite caisse d’économies en bois, et ressortir. C’était affreux. Ma mère devenait aigrie, amère, négative. Elle s’emportait pour un rien, sur nous bien évidement.

A plusieurs reprises, ma grande sœur a essayé d’organiser une assise familiale entre nous, pour essayer de je ne sais même pas, faire quelque chose. Mais ça ne servait à rien, on ne faisait que gratouiller l’abcès, au lieu de le percer et extraire tout le pus qui avait déjà envahi partout. Personne ne voulait dire la vérité, du coup à chaque fois je me levais et je partais. Et on me prenait la tête pour ça, pour le fait que je ne voulais pas manger à table avec lui; ET pour un tas d’autres raisons qui me donnaient envie de hurler ‘’je ne peux pas faire semblant, je ne suis pas comme vous, je n’y arrive pas’’. Tellement de choses se sont passées, tellement…

Quand mon corps a commencé à parler…

En 3e année de fac, j’ai commencé à me sentir mal dans ma peau. J’étais très triste, déprimée, je me sentais grosse, j’étais très mal.  J’ai entrepris de perdre du poids, mais je ne me sentais pas mieux, au contraire. J’ai commencé à avoir la digestion difficile, puis très difficile. Remontées acides aigues et incessantes, ballonnements constants, c’était infernal. Un oncle naturopathe m’a prescrit une série de médicaments de très bonne qualité, tout à fait indiqués pour mes symptômes qui m’ont grandement soulagé mais à très court terme. Mon ventre s’est ensuite mis à gonfler et c’était douloureux.

Je suis allée consulter un gastro-entérologue qui m’a fait une série d’examens (radio, échographie) qui ont n’ont rattaché aucune cause à tout cela. A l’époque, un proche dans mon entourage a suggéré que tout ce mal être dont je souffrais pouvait avoir une cause psychologique. J’en ai parlé à mon gastro-entérologue, qui a limite rigolé, et dit que ce n’est pas du  sérieux ça, qu’il ne me conseille pas de m’embarquer là-dedans.  Il m’a néanmoins prescrit un traitement, que j’ai également suivi. Sans grand succès.

A l’époque, Il n’y avait pas de psychologue dans le coin que je pouvais consulter, mais une psychiatre. Je suis allée la voir. Après la première séance elle a demandé à voir mes parents, et ils sont venus. Tous deux. Je sais, même moi je n’y croyais pas. Ce jour, quand ma mère est rentrée, elle m’a dit que la psychiatre leur a dit que c’est mauvais pour ma santé de vivre avec eux, que c’est leur’’ histoire’’ bref, toute cette histoire qu’on vit qui est en train de me rendre malade. Elle m’a demandé s’il y a quelqu’un dans la famille avec qui je peux aller habiter, que j’y réfléchisse et que je lui dise. Je lui ai dit non, que ça va aller, je ne vais pas sortir d’une sorcellerie pour aller entrer dans une autre. Lui par contre n’a fait aucun commentaire.

La douloureuse,mais salutaire acceptation de la réalité…

Au terme de la deuxième séance, j’ai eu l’impression qu’on m’a ôté un poids immense, sérieux, j’ai eu comme une révélation. Façon de parler. Nous avons juste discuté, mais j’ai pris conscience de certaines choses qui ont fait toute la différence par la suite. J’ai pris conscience que tout ça  était vraiment, VRAIMENT derrière mon mal être, je veux dire, vraiment quoi. J’avais effectivement remarqué que l’atmosphère était malsaine à la maison, oui, comme un éléphant au milieu d’une pièce, difficile de louper.  Mais que c’est ça qui me rendait malade, ça non. Mais encore, que ça m’affectait autant parce que j’aimais TOUJOURS beaucoup mon père. Quand elle a dit ça, j’ai vraiment eu l’impression que le temps s’est arrêté, parce que en toute honnêteté, c’était pas du tout de l‘amour que je ressentais le concernant. Enfin j’ai réalisé que je pouvais faire quelque chose. Je ne pouvais pas changer cet environnement dans lequel je vivais pour l’instant, mais je pouvais changer ma façon de réagir à tout cela. ET Ça m’a suffi. Juste deux séances. A partir de ce jour, et chaque jour par la suite, j’ai entrepris ce travail sur moi pour m’aider à m’élever au-dessus de tout ça. C’est un combat émotionnel et psychologique de longue haleine, c’est vraiment petit à petit, surtout quand on reste dans le même environnement et que les mêmes choses, voire pire continuent de se produire.

Un jour, où cette fameuse assise a eu lieu et que  je lui ai dit tout ce que j’avais dans le cœur depuis toutes ces années, ce que tout le monde avait peur de lui dire.  Quand j’ai fini, son visage était rouge et déformé de colère, sans exagération. Et quand je l’ai vu bondir du fauteuil j’ai senti que si je ne bouge pas ça va mal finir, j’ai à peine eu 3 secondes pour m’enfermer dans la première pièce venue. IL a essayé de défoncer la porte de son poids, en hurlant. Mes sœurs se sont fait mal en essayant de l’arrêter, il leur a donné des coups. Ma grande sœur est allée alerter un voisin pour venir l’arrêter. Ma mère n’était pas là, c’est elle qui a trouvé bon de sortir au début de l’assise cette fois. Je suis restée dans cette pièce jusqu’à ce qu’elle revienne. Pendant un bon moment on a veillé à ce que je ne me retrouve pas seule à la maison pour éviter le pire. Un ou 2 ans plus tard il a essayé de m’étrangler. Devant mon neveu de 3 ans.

Donc, oui, ça n’a pas du tout été facile, mais avec l’aide de Dieu, on y arrive petit à petit. On se rappelle chaque jour, de ne pas se laisser entrainer par la négativité, on se bat pour ne pas ruminer tout ça , que ce n’est pas contre nous, que ça ne durera pas éternellement, qu’on a encore toute notre vie à vivre, et qu’on ne va pas laisser ça nous prendre notre santé mentale et émotionnelle et nous gâcher nos futures relations. Les symptômes ont commencé à s’estomper et ont fini par disparaitre sans que je ne sache quand exactement. Et on finit même par voir le ‘’bon’’ dans tout ça. On finit par arriver à pardonner, vraiment pardonner. Ça prend du temps, mais oui, on finit par être libre de tout ce bagage malsain. 

Mots clés: famille dysfonctionnelle, parent toxique, blessures d’enfance, somatisation, résilience.

Crédits photos: Google images, Unsplash

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