Et action!
Le sextaping est l’art de filmer ses ébats amoureux. Cela consiste à filmer les rapports sexuels que l’on a avec un partenaire consentant ou non. Dans le domaine pornographique, une sextape est rangée dans la catégorie dite « amateur ». Ce qui pourrait expliquer l’intérêt grandissant qu’elle suscite, c’est qu’elle est authentique. C’est à dire qu’elle et montre exactement ce qui se passe dans un rapport sexuel. On a donc des acteurs réels, avec des mensurations normales et banales (gros ventre, sexes normaux, vergetures). Contrairement aux acteurs du X où tout est lisse, acidulé, simulé et scénarisé.
A la base c’est une pratique inoffensive (comme pleins d’autres utilisées pour pimenter la vie sexuelle) à condition que les deux partenaires soient consentants.
Que ce soit donc en milieu adolescent, universitaire, sportif ou dans le monde des célébrités et hommes de médias, et que le respect de la vie privée et du consentement est de mise, il n’y a pas de problème. C’est à partir du moment où cela devient public qu’on va parler d’atteinte à la pudeur, dépravation des mœurs, violation du droit à la vie privée, revenge porn …etc.
Ce phénomène de publication de sextape sur les réseaux sociaux est de plus en plus grandissant parce que nous sommes à une ère numérique où presque tout n’existe et n’a de valeur que si c’est vu, commenté, « liké » et partagé. On aime se filmer, tout filmer, tout enregistrer et sans s’en rendre compte la sexualité n’y échappe pas. L’utilisation, l’accessibilité des smartphones et la sensation de n’exister qu’à travers son téléphone sont d’autres éléments qui pourraient amplifier le phénomène.
Le script…
Le problème avec le sextaping, c’est que tout vire au cauchemar lorsque la vidéo est rendue publique sans consentement. Ces quelques minutes qui relèvent de la vie privée, du plaisir sexuel de tout un chacun deviennent scandaleuses pour toute une vie. Du coup, quel est l’intérêt de faire une sextape ?
Premièrement, on se rend compte que de nos jours, la sexualité est malheureusement réduite à une question de performance. Le fait d’enregistrer ses rapports sexuels pour un homme par exemple serait une preuve de sa virilité ; et pour un adolescent, ce serait pour épater ses potes avec ses exploits. Pour une femme, ce serait pour voir sa capacité à être sensuelle, à être « bonne au lit » ou pour se voir en train de donner du plaisir à son partenaire.
Deuxièmement, il ya les fantasmes : celui d’être vu ; celui de voir ; on retrouve le voyeurisme plus présent chez les hommes ; et l’exhibitionnisme plus présent chez la femme. Voir et se montrer sont des tendances très présentes à l’adolescence avec tout ce qu’on retrouve comme premiers émois, premières expériences sexuelles et découverte de la sexualité.
Troisièmement, on a la société dans laquelle on vit. Celle qui critique, juge, condamne, cette pratique et pourtant s’en délecte secrètement. Celle qui joue à la « choquée » alors qu’elle prend un plaisir sadique et voyeuriste à partager encore et encore un contenu qu’elle juge pourtant inapproprié. Nous sommes tous impliqués parce qu’on sait que ce n’est pas différent de ce que qui passe dans notre intimité, mais on crie rapidement au scandale !
On pourrait aussi voir d’autres motivations liées à l’état d’esprit de personnes déséquilibrées ou perverses avec une sexualité de plus en plus débridée derrière la réalisation d’une sextape. Plusieurs personnes s’enregistrent, mais ne conservent pas forcément ou ne publient pas.
Dans les coulisses…
Quand on parle de sextape, on voit deux catégories de personnes : celles qui s’enregistrent et celles qui publient.
On peut supposer que celles qui font des sextapes sont motivées par plusieurs choses :
-l’attrait pour l’interdit, le désir de sortir de la routine pour rendre sa vie sexuelle plus excitante; le plaisir qu’on ressent à faire quelque chose d‘inhabituel sur le plan sexuel
-le plaisir narcissique dû au fait de se montrer, de se mettre en scène parce que même si les stars du x ne sont pas approuvées, il y a quand même ce fantasme chez la plupart des gens
-la satisfaction de voir le plaisir qu’on prend ou celui qu’on donne à l’autre augmente l’excitation
-pour les amateurs de vidéo x, on passe de spectateur à acteur de son propre film
-chez une femme, ce serait plus un don de soi, celui de s’offrir en toute confiance à son partenaire
-chez un homme, il y a comme une sorte de gratification virile, de jouissance supplémentaire d’avoir pu engager sa partenaire dans quelque chose de plus risqué
De l’autre côté, il y a celles qui publient et leurs motivations cachées :
-revenge porn : publier des moments intimes pour se venger de son ex et salir son image
-chantage financier
-perversion narcissique, prédateur sexuel, bizutage d’un adolescent influençable qui veut faire partie d’une bande ; qui ont filmé avec ou sans le consentement de la personne impliquée
-moyen d’exister sur la toile, de faire du buzz et d’avoir de la visibilité à travers des commentaires, des likes et des partages.
Et en dernier, il ya NOUS, qui partageons, inondons la toile de commentaires salaces et qui contribuons énormément à ce que le scandale soit amplifié, comme si dans cette société, c’était la pire chose qui puisse arriver et qui puisse susciter toute notre indignation horrifiée.
Conséquences…
Comme vous pouvez l’imaginer, se réveiller un matin prendre son téléphone et découvrir ses parties intimes sur Whatsapp ou Facebook est plus que choquant. Les conséquences sont désastreuses et peuvent devenir tragiques dans certains cas :
-sur le plan émotionnel et comportemental : choc, honte, tristesse, détresse culpabilité, anxiété, isolement, retrait de la vie sociale (difficile de gérer le regard des autres qui ne voient plus que ça)
– Le cyberbullying ou cyber harcèlement qui est le fait de partager, de commenter, de liker des moqueries, des propos injurieux, haineux à propos de quelqu’un sans vérifier la véracité des faits et sans se soucier de l’impact que cela aura sur la personne visée. Le fait d’alimenter de fausses rumeurs ou une version des faits complètement erronés à propos d’une personne de manière à l’humilier et à la lyncher est dangereux pour la santé physique et mentale de la personne. En plus de graves répercussions sur la vie sociale, universitaire, scolaire ou professionnelle, la victime peut développer des troubles du comportement, des abus de substance, une anxiété sociale, une dépression et des idées suicidaires.
Comment prévenir ?
C’est une réalité, qui l’instant d’un bad buzz qui sera oublié le jour d’après ; peut détruire plusieurs vies. Même si cela peut arriver suite à une mauvaise manipulation ou un vol de téléphone dans certains cas, il est important de faire très attention ; et de sensibiliser pour une utilisation saine, positive et RESPONSABLE des smartphones et des réseaux sociaux.
On pourrait aussi parler de la notion de consentement qui est devenu curieusement très ambiguë dans les relations humaines. Entre celles qui disent non avec la bouche mais se comportent de manière contraire, celles qui ne disent rien, laissent faire et après disent qu’elles n’étaient pas d’accord depuis le début ; ceux qui en profitent pour supposer qu’on leur a dit oui alors qu’ils n’ont jamais demandé clairement ; ceux qui ne disent pas clairement ce qu’ils veulent et pense qu’on leur doit quelque chose ; il y a fort à faire.
Il est impératif d’être clair.e, de savoir dire NON, je ne suis pas d’accord, à ce niveau ; poser des limites à ce qui ne nous convient pas, et respecter la position de l’autre.
Autre chose ; ce serait d’être conscient (pour la personne qui filme ou qui se laisse filmer) des potentielles conséquences de la vidéo si elle était rendue publique avant de s’y engager, ou être prêt à y faire face.
Pour violation de la vie privée, la personne qui publie devrait subir des sanctions sévères parce que les dommages causés sont irréversibles, vu que rien ne se perd sur le net.
En plus de cela, il faut retenir que ce ne serait pas aussi désastreux pour les personnes impliquées si nous ne rajoutions pas de l’eau au moulin de la personne qui publie. Il n’y a rien de positif, de sain à partager ce type de contenu sur les réseaux, rien de constructif à balancer des commentaires qui peuvent pousser quelqu’un au suicide parce que tout le monde le regarde de travers, ou qu’il a perdu son emploi et la confiance de ses proches.
La morale de ce film, chacun peut la formuler. Faisons attention à nous, à notre utilisation de nos téléphones, aux aspects de notre vie qu’on veut numériser ; à ce qu’on publie, une image, un partage, un like, un commentaire peuvent détruire la vie d’une personne que nous ne connaissons même pas.
Au-delà, de ceux qui enregistrent dans le but de publier, notre responsabilité est aussi engagée à travers ce que nous déciderons d’en faire.
Prenez soin de vous, Samuella Mon Psy Online
Tags : sextape, réseaux sociaux, cyberbullying, cyber harcèlement, revenge porn, santé mentale et réseaux sociaux
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